Québec Yachting

Le majestueux Saint-Laurent

Crédit photo : Stratégies Saint-Laurent.

L’immense Saint-Laurent est à la fois un fleuve, un estuaire et un golfe. Son nom lui a été donné par Jacques Cartier, qui avait baptisé ainsi une baie de la côte nord. Au fil des ans, le nom s’est répandu à l’ensemble du cours d’eau et a été officialisé par le fondateur de la ville de Québec, Samuel de Champlain. En effet, après 1604, il a utilisé dans ses écrits et sur ses cartes les appellations « grande riviere de sainct Laurens » et « fleuve sainct Laurens ». Possédant une longueur d’environ 2000 kilomètres, du lac Ontario jusqu’à l’île du Cap-Breton, en Nouvelle-Écosse, il contient plus de 20 % des réserves d’eau douce mondiales. Plus de 70 % de la population du Québec y puise son eau potable et près de 60 % des Québécois pratiquent des activités reliées à l’eau sur le Saint-Laurent, comme la pêche sportive, une activité nautique comme la navigation de plaisance, le canot ou le kayak, ainsi que la baignade et l’observation de la nature. Véritable moteur économique du Québec, son eau alimente les centrales hydroélectriques de Moses-Saunders et de Beauharnois qui génèrent de l’électricité pour une partie de la population québécoise. De plus, sa voie maritime permet aux bateaux de la marine marchande d’approvisionner les plus grandes villes du Canada et des États-Unis de l’océan Atlantique aux Grands Lacs. Le beauté du fleuve représente aussi un attrait pour les touristes. En effet, avant la pandémie de COVID-19, les bateaux de croisière étaient de plus en plus nombreux à faire escale dans les ports et lieux de villégiature.

Crédit photo : Environnement et Changement climatique Canada.

Les marées y sont perceptibles à partir du lac Saint-Pierre, avant Trois-Rivières. Où commence l’estuaire, considéré comme une mer intérieure? Sur la rive sud, il débute à Rivière-du-Loup et se termine à Cap-Chat. Sur la rive nord, il débute à Tadoussac et va jusqu’à Pointe-des-Monts.

Les enjeux actuels

– La construction immobilière peut perturber la faune et la flore en détruisant la végétation naturelle.

– L’aménagement et l’entretien de la voie maritime. Lorsque le Saint-Laurent est dragué, l’habitat de plusieurs espèces est détruit.

– L’érosion des berges. Celle-ci peut être due à des facteurs naturels et humains. Le transport maritime et la navigation de plaisance engendrent du batillage. Les bateaux et navires doivent donc réduire leur vitesse et naviguer à une plus grande distance des rives.

– La pollution industrielle et agricole.

– Le déversement accidentel de produits chimiques.

– Les déversements d’eaux usées non traitées encore pratiqués par certaines municipalités.

– L’introduction d’espèces exotiques, dont la moule zébrée et le myriophylle à épi. La présence de la carpe asiatique s’avère aussi une menace pour la biodiversité et pourrait perturber toutes les activités reliées au fleuve. Le Programme québécois de lutte contre les carpes asiatiques a vu le jour le 31 mai 2016 et vise à prévenir et contrôler sa propagation. Pour obtenir plus d’informations, vous pouvez visiter le www.carpesasiatiques.gouv.qc.ca.

– Les changements climatiques, dont les températures plus chaudes, engendrent une plus grande évaporation de l’eau dans les Grands Lacs, ce qui provoque une baisse du niveau d’eau dans la partie fluviale du Saint-Laurent, perturbant ainsi les écosystèmes et le transport maritime. Les pluies abondantes ainsi que la fonte rapide de la neige et de la glace peuvent provoquer des débordements et donc, des inondations. En hiver, si moins de glace se forme le long des côtes, cela protège moins le littoral lors des tempêtes, contribuant ainsi à l’érosion. De plus, la hausse prévue du niveau des océans pourrait engendrer une avancée de l’eau salée en amont de l’estuaire, ce qui aurait des répercussions sur l’approvisionnement en eau potable des villes situées à la limite de l’estuaire comme Québec.

Rorqual à bosse. Crédit photo : Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM).

La biodiversité

Le Saint-Laurent foisonne de vie! Plusieurs milliers d’espèces de plantes, d’invertébrés, de poissons, d’oiseaux et de mammifères y vivent à l’année ou y sont de passage. Les divers habitats comme les lacs, les tronçons fluviaux, l’estuaire et le golfe possèdent toutes des caractéristiques marines distinctes qui plaisent à certaines espèces, mais pas à d’autres. Cela représente près de 200 espèces de poissons d’eau douce et d’eau salée, 26 espèces d’amphibiens, 23 espèces de reptiles et 74 espèces de mammifères terrestres ou amphibies. De plus, 20 espèces de mammifères marins vivent dans l’estuaire et le golfe.

L’observation des baleines dans leur milieu naturel est une activité dont la popularité grandit sans cesse, mais celle-ci a ses conséquences puisqu’elle dérange les animaux. Le Règlement sur la protection des mammifères marins de Pêches et Océans Canada servant à encadrer les activités d’observation mentionne qu’il est interdit d’importuner un mammifère marin dans les eaux canadiennes.

Petit rorqual. Crédit photo : Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM).

À partir de quel endroit est-il possible d’observer des mammifères marins?

Voici la réponse de Marie-Ève Muller, du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) :

« La présence des mammifères marins (phoques et baleines) dans le Saint-Laurent varie de jour en jour et selon la période de l’année. Seulement deux espèces de mammifères marins vivent à l’année dans le Saint-Laurent : le béluga et le phoque commun. En général, on commencera à observer phoques et petits cétacés (petit rorqual et béluga) à partir de Saint-Siméon (rive nord) ou Kamouraska (rive sud). Les plus grandes espèces seront observées à partir de Tadoussac et de là, on peut voir des baleines et des phoques à partir des côtes sur la rive nord, un peu moins souvent à partir de la rive sud, et sur l’eau. Évidemment, les observations ne sont jamais garanties, mais de mai à octobre, de nombreuses espèces et de nombreux individus sont observés. »

Voici quelques conseils formulés par Sonia Giroux, directrice adjointe du Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM) :

  • Informez-vous avant de vous rendre sur l’eau à propos des règlements d’observation des mammifères marins en vigueur sur le territoire visité.
  • Observez les mammifères marins dans le respect de l’animal en utilisant des jumelles et en gardant vos distances.
  • Que ce soit sur la plage ou sur l’eau, ramassez vos déchets en tout temps afin qu’ils ne se retrouvent pas dans l’environnement marin.

Bélugas. Crédit photo : Réseau d’observation de mammifères marins (ROMM).

Quelques informations intéressantes sur les mammifères marins, les poissons et les invertébrés :

  • À Tadoussac se produit une remontée d’eau profonde qui stimule le plancton et favorise l’accumulation de krill, la nourriture préférée de la baleine bleue.
  • Les mammifères marins les plus fréquents sont : le béluga (il est facile d’en observer au quai de Rivière-du-Loup, à Tadoussac et dans le fjord du Saguenay), le petit rorqual, le rorqual commun et le rorqual bleu (les deux géants de la planète), de même que le marsouin commun.
  • L’épaulard, la baleine à bec, le cachalot, le globicéphale sont plus rares, alors que les dauphins et la baleine noire sont plus observables dans le golfe, en Gaspésie.
  • Les mammifères marins en voie de disparition sont le rorqual bleu, la baleine noire de l’Atlantique, le béluga et la baleine à bec.
  • Certaines espèces, comme le cachalot, sont vues fréquemment durant plusieurs années, puis plus du tout ou presque!
  • Concernant les poissons, l’éperlan, le hareng, le capelan et le lançon sont des espèces présentes en très grand nombre puisqu’elles entrent dans la diète de plusieurs mammifères marins.
  • Les espèces d’invertébrés les plus nombreuses dans l’estuaire maritime et le golfe sont notamment le crabe commun, le crabe araignée, le crabe des neiges, le homard d’Amérique, l’étoile de mer polaire, l’oursin vert, le buccin, etc.

Pour obtenir davantage de renseignements, vous pouvez visiter le site internet baleinesendirect.org.

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Question à Pierre-Olivier Forest-Hivon et à Héra Ménard du Le Voilier Orange.

Pierre-Olivier Forest-Hivon sur Le Voilier Orange.

QY : J’aimerais connaître votre avis sur la navigation sur le Saint-Laurent. Est-ce que vous avez trouvé cela facile ou difficile?

Po et H : « Il ne faut jamais sous-estimer notre majestueux Saint-Laurent! Nous, on était chanceux, on avait tout notre temps. Alors, on choisissait précisément nos fenêtres météo pour avancer. Nous avons alors eu du beau temps et avons fait des traversées super agréables tout au long de notre navigation sur le Saint-Laurent. Nous nous sommes seulement fait prendre par un coup de vent du nord lors de notre traversée vers les îles de la Madeleine. Ça nous a ébranlés un peu, mais le fait de voir apparaître les îles rougeâtres au loin nous a vite fait oublier les déboires de la nuit. Ensuite, en faisant le tour du Cap-Breton par le nord-est, on a eu droit à des conditions de mer plus musclées. Sur la côte sud de la Nouvelle-Écosse, nous avons aussi eu droit à une houle qui se lève assez vite et l’été qui se terminait tranquillement amenait des vents plus frais. »

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Lisez l’article Pierre-Olivier Forest-Hivon et Héra Ménard du Le Voilier Orange sont de retour des Bahamas! publié en 2019.

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Questions à Simon Lebrun, pilote maritime de la Corporation des Pilotes du Saint-Laurent central et président d’Héritage Maritime Canada.

Crédit photo : Simon Lebrun.

QY : En tant que pilote maritime, aimez-vous naviguer sur le fleuve?

« Lors des 25 dernières années, j’ai navigué partout sur la planète. Depuis 13 ans, je suis pilote sur le fleuve Saint-Laurent et rien ne me fait plus plaisir que de naviguer ici. Exercer notre profession dans un tel lieu est à mes yeux un grand privilège. »

Crédit photo : Simon Lebrun.

Quelles sont les expériences qui vous ont le plus marqué?

« Je suis pilote dans le secteur de Montréal à Trois-Rivières où les mammifères marins sont plutôt rares. Les glaces de l’hiver 2018-2019 ont incontestablement été un fait marquant nous rappelant qu’il faut vouer un grand respect au fleuve, peu importe la taille et la puissance du navire qu’on pilote. »

Par Joani Hotte-Jean

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Printemps 2020 de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est GRATUIT!