Le passage du Nord-Ouest du voilier Balthazar
Les propriétaires du voilier Balthazar, Claire Roberge et Guy Lavoie, ainsi que leurs équipiers, François Roberge et Yann Robiou-Dupont, se sont lancés dans une nouvelle aventure, le 17 juin 2012, en quittant Gaspé en direction du Grand-Nord. L’équipage a fait escale à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, le 17 septembre, après 4000 milles nautiques (7408 km) de navigation, lieu d’hivernisation de Balthazar. À l’été 2013, les voyageurs prévoient retourner sur place pour poursuivre leur route en contournant l’Alaska. L’année suivante, ils planifient se rendre jusqu’à Vancouver. À la fin de ce périple, leur voilier deviendrait alors le sixième au Canada et le troisième au Québec, après le J.E. Bernier II et le Sedna IV, à avoir franchi le passage du Nord-Ouest.
Nos navigateurs, Claire et Guy, avaient quitté le Québec pendant cinq ans, en 1999, pour effectuer le tour du monde en famille avec leurs filles Chloé et Joëlle. Qu’est-ce qui les a incités à partir vers le Nord après avoir navigué dans les eaux chaudes des Antilles et de la Polynésie, me direz-vous? Eh bien, c’est un désir de liberté, de voir des icebergs, de rencontrer des Inuits, bref de découvrir d’autres cultures et d’aller vers l’inconnu!
Pendant leur périple, ils ont rencontré des pêcheurs qui leur ont appris différentes techniques traditionnelles et ils en savent maintenant davantage sur la cuisine nordique. Un de ces pêcheurs a même confié ne jamais avoir vu d’arbres de sa vie! Deux jeunes filles pratiquant des chants de gorge les ont grandement impressionnés : au son, il semblait qu’elles étaient quatre à six personnes à chanter en même temps!
La cohabitation à quatre personnes sur un bateau de 35 pieds n’a cependant pas toujours été facile. L’espace étant restreint, il fallait user d’humilité, être à l’écoute, tenter de ne pas entrer dans « la bulle » de l’autre et faire des compromis. La planification des quarts était cependant plus facile, car ils pouvaient être en service pendant quatre heures seuls ou six heures à deux. Le groupe s’ajustait s’il y avait présence d’icebergs.
Ils ont malheureusement vécu quelques pépins, comme leur radio amateur qui a cessé de fonctionner, ce qui a entraîné l’absence de réception de données météorologiques, et le système de propulsion qui ne fonctionnait pas toujours bien. Rien d’inquiétant, mais quand le prochain village n’est pas à proximité, cela peut devenir une situation stressante. Des coups de vent pouvaient aussi arriver sans prévenir et il leur est arrivé de devoir naviguer sur une distance de plus de 100 milles nautiques (185 km) sans endroit où se protéger des intempéries. Il fallait donc être tolérant au froid et user d’ingéniosité pour économiser le diesel en réduisant parfois le chauffage.
Le tout a demandé un an et demi, voire deux ans de préparation : installer un système de chauffage, isoler le voilier, minimiser les entrées d’air, produire de la nourriture déshydratée et penser aux produits de base (farine, riz, pâtes, conserves, etc.).
De retour à la terre ferme, Claire et Guy souhaitent présenter une ciné-conférence aux Grands Explorateurs, renouveler leur formation « Partir et vivre sur l’eau », continuer à donner des conférences dans les écoles du Québec et au Nouveau-Brunswick ainsi que dans le milieu corporatif.
Leur aventure n’est pas terminée, mais leur détermination demeure intacte malgré les difficultés. Puisqu’ils demeurent positifs, leur soif d’apprendre pourrait affronter n’importe quelles conditions climatiques.
L’équipe de Québec Yachting leur souhaite la meilleure des chances, car ces explorateurs ne manquent pas de courage! Vous pouvez consulter le www.voilierbalthazar.ca pour obtenir tous les détails concernant leurs projets à venir.
Joani Hotte-Jean
*Texte à paraître dans la parution Hiver 2012 de Québec Yachting.