Le passage du Nord-Ouest du voilier Balthazar ● Partie 2
L’année dernière, Claire Roberge, Guy Lavoie et leurs équipiers ont parcouru environ 4000 milles nautiques (7408 km) de Gaspé à Inuvik dans les Territoires du Nord-Ouest à bord du voilier Balthazar. Leur périple vous intéresse? Vous pouvez vous rafraîchir la mémoire en lisant l’article publié à l’automne 2012 sur le site internet de Québec Yachting.
Le 7 juillet 2013, Claire Roberge et Guy Lavoie ont quitté Inuvik, le lieu d’hivernisation de Balthazar, pour naviguer environ 1200 milles nautiques (2222 km) jusqu’à Nome en Alaska. Ce séjour en eaux froides a été plus facile et agréable pour eux que celui effectué à l’été 2012. En effet, ils ont pris beaucoup plus de temps pour préparer leur itinéraire et leur bateau sur lequel ils ont installé des hublots doubles pour améliorer le confort à bord. Dans l’Ouest canadien, la glace a cependant fondu plus tard et le temps froid est revenu environ un mois plus tôt, ce qui en a empêché plusieurs de franchir le passage du Nord-Ouest.
Ces deux aventuriers nordiques sont ravis de leur escale à Shingle Point au Yukon où les Inuits ont été très accueillants. Au cours de leur voyage, cette situation s’est souvent répétée, les habitants leur proposaient sans gêne de faire leur lavage ou de les aider avec leur épicerie. De plus, leur arrêt sur l’île Herschel dans la mer de Beaufort ne les a pas laissés indifférents, car il s’agit du lieu où les Inuits et Inuvialuits chassaient près des côtes, où les baleiniers américains venaient mouiller l’été au début du 20e siècle, puis où les commerçants et missionnaires ont créé des comptoirs de traite. C’est aussi à cet endroit que le norvégien Roald Amundsen est passé entre 1903 et 1906 à bord de Gjøa, un navire de 21 mètres. Amundsen est le premier homme qui a réussi à franchir le passage du Nord-Ouest d’est en ouest sur un voilier.
La communication avec le peuple inuit n’a pas toujours été facile. Le 5 août, Claire et Guy souhaitaient avoir de l’aide pour se rendre au lagon du village de Wainwright, situé sur la côte au Nord-Ouest de l’Alaska, puisque l’eau n’y était pas assez profonde. Malheureusement, les Inuits ont mal compris leur demande et ils se sont retrouvés dans 3 pieds d’eau alors que Balthazar possède un tirant d’eau de 5 pieds. Voici un extrait de leur livre de bord :
« À 17h10 nous sommes devant ce qui nous semble être l’entrée du lagon. Nous attendons en mer le bateau de la Rescue. Il se présente une heure plus tard et nous fait signe de le suivre pour entrer. Nous sommes soulagés, bientôt nous ancrerons dans le lagon pour une bonne nuit de sommeil.
Sur nos cartes nautiques, la profondeur moyenne est de 7 à 10 pieds avec quelques hauts fonds à 3 pieds que nous voulons éviter! Nous suivons donc les pros du coin qui connaissent bien cette passe. Les vagues déferlent à notre bâbord ainsi que sur tribord. Nous sommes dans la passe, le sondeur indique 7, puis 6, puis 5, puis 4, puis 3 pieds, puis 2.6… bordel de m… Nous touchons… la dérive du safran remonte… la barre devient dure à manœuvrer et nous toucherons le fond rocailleux sur une centaine de mètres avant de retrouver assez d’eau pour ancrer. »
Cette mésaventure s’est tout de même bien terminée, car ils ont pu quitter le lendemain suite au passage d’une barge qui les a guidés pour sortir de cette impasse. Puis, entre le 8 et le 10 août, dans le détroit de Béring, ils ont dû affronter de grosses vagues alors que le vent soufflait à plus de 30 nœuds.
Bien que ces deux navigateurs se sentaient parfois isolés, ils ne manquaient de rien et se sont bien sentis pendant cette expédition. Ils ont fait de nombreuses escales et dormaient à l’ancre, ce qui leur a permis de se reposer et de conserver leur énergie pour découvrir le monde qui les entourait.
Pendant l’hiver 2014, Claire et Guy travailleront au montage d’une ciné-conférence pour Les grands explorateurs et ils prévoient retourner à Nome en juillet pour atteindre Cordova situé au sud de l’Alaska.
Par Joani Hotte-Jean