Splendeurs de Charlevoix au gré des vents et marées…
D’année en année, les peintres du Québec et d’ailleurs reviennent à Charlevoix avec assiduité, ne se lassant jamais de cette beauté grandiose en créant des toiles magnifiques. Ces jolis villages encaissés au creux des vallées ou encore nichés à flanc de colline tout en surmontant le fleuve ne laissent personne indifférent. La région de Charlevoix séduit tous ceux qui s’y aventurent, tant les artistes que les vacanciers. Elle est classée Réserve mondiale de la biosphère de l’UNESCO.
Les estivants de la haute bourgeoise canadienne et les riches Américains l’avaient découverte avec ravissement au début du XXe siècle, s’y rendant par bateau et logeant dans de grands manoirs et des villas de luxe avec vue sur la mer. Aujourd’hui, le tourisme s’y est démocratisé et l’endroit est devenu accessible à tous par la route et par le fleuve avec une panoplie d’auberges, de gîtes et de campings afin d’y séjourner confortablement.
C’est par un week-end très chaud et ensoleillé de la fête du Travail que nous avons savouré le bonheur d’y aller. Une sensation particulièrement agréable nous a envahis dès que nous avons humé les effluves de la mer à marée basse en arrivant à La Malbaie. Une connotation de liberté, de vacances et de vie maritime…
Le personnel de la charmante et ancestrale Auberge des Peupliers, située à quelques pas de la marina Port de refuge de Cap-à-l’Aigle, nous a accueillis avec beaucoup d’attention et de gentillesse. Nous logions dans le pavillon adjacent où la vue du fleuve est imprenable. Le restaurant, où nous avons dégusté un repas de fruits de mer exquis et un dessert tout aussi délicieux, est digne de mention. Les déjeuners sont aussi à conseiller, notamment pour le délicieux caramel à la fleur de sel, fabriqué spécialement pour l’Auberge. Non, rien à craindre pour le tour de taille! Les calories se brûlent facilement en faisant quelques allers-retours à la marina, tout en bas de la grande côte…
Une des plus anciennes régates du Québec
La 110e édition de la course annuelle Défi-Voile Edmond-Desgagnés et la course Triangle se sont tenues durant ce superbe week-end du début de septembre à la marina Cap-à-l’Aigle (à l’est de La Malbaie).
Quelque 22 voiliers en provenance de plusieurs marinas du Québec, notamment celle du Yacht Club de Québec, ont participé aux compétitions. Rappelons que cette course est un hommage à Edmond Desgagnés, un marin célèbre de Saint-Joseph-de-la-Rive.
Le vent a cependant été très faible, pour ne pas dire quasi inexistant, ce qui a empêché les 16 voiliers de la catégorie C de terminer la course Défi-Voile Edmond-Desgagnés. Le gagnant dans la catégorie A est Survenant de Marcel Côté en 6:19, suivi de Cousin de Vincent Poitras en 6:56 et de Don Quichotte de Marc Nadeau en 6:55. Le nom du bateau apposé sur le trophée a été fait par tirage au sort parmi ceux qui ont passé la bouée finale. Il s’agit de Silent Partner de Pierre St-Hilaire. Afin de célébrer en beauté ce week-end, 122 personnes ont apprécié un méchoui sous la tente le samedi soir.
Claude Bergeron, commodore de la marina Port de Refuge de Cap-à-l’Aigle depuis 10 ans, semblait quelque peu déçu du faible nombre de voiliers sur place et évidemment du manque de vent. « Dans les belles années, on avait une centaine de voiliers », mentionne-t-il.
La marina de Cap-à-l’Aigle a pris son réel essor et sa vocation de port de refuge lors de la course Québec 84. Les aménagements de protection faits à cette époque permettent aux voiliers d’y trouver un endroit sécuritaire (3 mètres à marée basse à l’entrée et dans la marina) qui peut accueillir 62 voiliers à quai. Le plan d’eau est magnifique!
On y compte actuellement 54 membres. Un restaurant avec permis d’alcool, des douches, du carburant (ordinaire et diesel), une connexion Internet et un service de dépanneur y sont offerts. À la suite de la cession des quais par le gouvernement fédéral, il y a trois ans, une société a été créée, la SOGIT (Société de gestion des infrastructures de transport de Charlevoix), pour administrer l’enveloppe de 9 millions de dollars reçue en vue du réaménagement des infrastructures des quais de Cap-à-l’Aigle et de Pointe-au-Pic (village distant de 5 km). Ainsi, en 2013, des travaux de 1,4 million ont été consacrés pour refaire le quai de Cap-à-l’Aigle qui est maintenant partiellement enroché; 600 000 $ ont aussi été investis pour des améliorations au Club House. Tourisme Charlevoix a aussi contribué pour une somme de 100 000 $ en subvention. D’autres travaux sont aussi prévus pour agrandir le stationnement. Un service de taxi, des auberges et restaurants, un hôpital et des épiceries sont aussi disponibles à moins de 10 kilomètres.
Le Musée maritime de Charlevoix : une richesse historique
Situé sur l’ancien chantier naval à Saint-Joseph-de-la-Rive, à 80 km de la ville de Québec, le Musée maritime de Charlevoix, nouvellement rafraîchi, présente une exposition très intéressante mettant en vedette la construction et la réparation des goélettes. Réputées pour leur maniabilité et leur bonne tenue en mer et ne requérant qu’un équipage restreint, les goélettes portant deux mâts et des voiles auriques installées longitudinalement, tout d’abord construites à quille, ont été remplacées au début du 20e siècle par des bateaux à fond plat, gréés en ketch, puis motorisés dans la décennie de 1920. Première industrie au Canada après l’agriculture pendant 200 ans, la réparation des goélettes faisait partie intégrante de la vie des pionniers. Les navires de bois destinés au cabotage sur le fleuve ont joué un rôle majeur dans l’économie des localités riveraines du Saint-Laurent.
Désigné Lieu historique national depuis 1998, le Musée maritime de Charlevoix est localisé sur le principal site répertorié parmi les 150 du genre au Québec, depuis le début de la colonie jusqu’à la fin des années 1960.
Dès notre entrée au musée, de nombreuses vitrines très représentatives captivent notre intérêt. On apprend ainsi que 67 goélettes ont été construites sur le banc de sable adjacent au chantier, qui servait quant lui à la réparation et à l’hivernage. On peut voir dans le bâtiment thématique un atelier, un magasin, des outils d’époque, des maquettes, des produits servant au calfeutrage, des échantillons des types de bois utilisés, des treuils et des traîneaux servant à hisser les bateaux, des moteurs, etc. De plus, à l’extérieur, près du fleuve, il est possible de visiter la goélette Jean-Yvan, construite en 1958, et la Saint-André, construite en 1956 par le maître charpentier Philippe Lavoie pour le capitaine Fernand Gagnon. Malheureusement, les trois autres que l’on pouvait jadis voir, les goélettes Mont-Sainte-Marie, Mont-Royal et Mont-Notre-Dame, ont été incendiées par gros vent en 1998, à la suite d’un incident provoqué par des étudiants du Cégep François-Xavier-Garneau qui y avait oublié un mégot de cigarette allumée sur place.
La goélette Mont-Sainte-Marie, construite en 1952, fut la plus grosse goélette de bois motorisée à y être construite. Elle était la propriété du capitaine J.A.Z. Desgagnés qui fut le fondateur du chantier maritime avec une vingtaine d’actionnaires qui contribuèrent à sa réalisation en investissant chacun 1 000 $. En fin de parcours sur le chantier, le remorqueur Félicia, datant de 1923, est aussi très amusant à explorer.
Pour conclure en beauté cet après-midi mémorable, quoi de mieux qu’une petite balade sur la Promenade des Capitaines et un arrêt au plaisant kiosque face à l’église devant le fleuve? Très agréable!
Le train de Charlevoix, qui passe en bordure du fleuve par Saint-Irénée et sa longue plage de sable accueillant des vacanciers se prélassant au soleil, nous a conduits ensuite à la gare de Pointe-au-Pic où nous nous sommes plus tard régalés d’un très bon et copieux repas de fruits de mer au restaurant Café de la Gare.
Hélas, le temps nous a manqué pour aller à l`île aux Coudres, face à Saint-Joseph-de-la-Rive et accessible par traversier, mais ce n’est que partie remise!
Par Monique Reeves
*Ce reportage a été publié dans le magazine Hiver 2016 de Québec Yachting.