Voici les moteurs marins 2017!
Toujours plus facile
Compte tenu de toutes les nouvelles qu’on a pu voir dans les médias à propos des automobiles sans conducteur, je n’ai pas été surpris de trouver, l’été dernier, un article sur un bateau sans pilote construit au Japon. Je comprends que dans certaines circonstances, il pourrait être avantageux d’avoir une embarcation qui circule par elle-même dans le trafic urbain. Mais il me semble que la conduite fait partie intégrante des plaisirs recherchés par les plaisanciers!
En poursuivant la lecture, j’ai été rassuré. Il s’agit d’un petit bateau de 10 pieds mis au point par Yamaha pour faire la surveillance des réservoirs intérieurs, sans pilote ni passager. Il est propulsé par un moteur électrique et contrôlé par satellite. En théorie, la technologie numérique pour bateaux sans pilote est donc disponible, mais il semble peu probable qu’on la voie apparaître sur les bateaux de plaisance dans un avenir rapproché.
Cela dit, la haute technologie numérique est par ailleurs très utile pour rendre la conduite d’un bateau plus facile pour les néophytes, et plus agréable pour tous. Bien sûr, il y aura sans doute toujours des puristes qui hésiteront à se ranger du côté des nouvelles technologies, tout comme il y a des automobilistes qui se désolent de la disparition graduelle des boîtes de vitesses manuelles. Mais il faut reconnaître que de nombreuses applications numériques ont le potentiel d’éliminer certains volets fastidieux du nautisme et d’augmenter notre coefficient de plaisir.
Par exemple, le système d’ajustement automatisé de l’assiette Active Trim de Mercury est maintenant disponible sur des hors-bord de 40 à 400 ch, ainsi que sur plusieurs semi-hors-bord MerCruiser diesel et à essence. Ce système fonctionne par GPS et il permet d’obtenir un ajustement optimal peu importe le type de bateau. On obtient ainsi de meilleures performances, une réduction de la consommation d’essence, et un souci de moins pour le pilote. De même, le récent système Joystick Piloting de Mercury est conçu pour grandement faciliter les accostages et les manœuvres de précision.
Volvo Penta a été un pionnier du contrôle par joystick avec ses embases gouvernantes IPS. Et maintenant, dans le cadre de son programme « Easy Boating », la firme offre également la technologie joystick sur ses moteurs intérieurs avec propulseurs d’étrave. Volvo a aussi présenté une commande à distance, d’une portée de 300 pieds, qui permet de démarrer le moteur et d’allumer les lumières du pont.
Du côté de BRP, les récents moteurs E-TEC G2 sont livrés avec la technologie E-Link qui permet de faire transiter des données sur le moteur et l’embarcation par l’intermédiaire des téléphones intelligents à bord. Ainsi, le capitaine peut passer la barre à son second – ou l’inverse – tout en continuant de suivre et de contrôler le comportement et le déplacement du bateau. Les hors-bord G2 sont également disponibles avec le système automatisé d’ajustement de l’assiette i-Trim.
Chaque année, les compagnies présentent de nouveaux moteurs. Pour 2017, vous remarquerez que bien des améliorations proviennent tout autant de la technologie numérique que des nouveaux designs et matériaux.
BRP
Il y a quelques années, BRP a fait des vagues avec le lancement des six moteurs de sa nouvelle gamme de G2 Evinrude. Pour 2017, la firme propose aussi des G2 dans la populaire classe des 150 ch à 175 ch.
Les premiers G2 ont été élaborés sur la base d’un V-6 de 3,4 litres et leur puissance s’échelonne de 200 à 300 ch. Il s’agissait des premiers moteurs deux-temps E-TEC d’Evinrude conçus à partir de zéro en fonction de l’injection directe avec bobine de type « acoustique ». Ces moteurs présentaient également plusieurs innovations au niveau du design et de l’ingénierie, notamment des capots modulaires, de nouvelles chambres de combustion, une boîte d’engrenages renforcée et le système d’ajustement de l’assiette i-Trim.
On retrouve maintenant ces innovations dans quatre nouveaux modèles, les E-TEC G2 150, 150 H.O., 175 et 200 lancés l’été dernier. Les quatre sont construits à partir d’un V-6 de 2,7 litres et, comme leurs grands frères, ils sont vendus avec une garantie de cinq ans et ils n’exigent aucun entretien pendant cette période. Selon BRP, ces moteurs deux-temps se comparent avantageusement avec leurs concurrents à quatre-temps grâce à un couple supérieur de 30 %, une consommation d’essence inférieure de 15 % et des émissions nocives inférieures de 75 %. Le système E-Link permet de faire un suivi et un contrôle des fonctions à partir d’un téléphone intelligent. On peut même lancer à distance le processus d’hivernisation automatisé.
Pour 2017, BRP présente également le Evinrude E-TEC 60 H.O., qui vient combler un vide dans la gamme des puissances offertes. Il est construit à partir du même tricylindre de 1,3 litre que les 75 et 90 ch.
Du côté des motomarines Sea-Doo, BRP continue à miser sur les moteurs quatre-temps en lançant un nouveau Rotax de 1,5 litre, le 1500 H.O. ACE (Advanced Combustion Efficiency). Cet engin de 230 ch est utilisé dans les modèles de catégorie Luxe et Performance. En 2016, la firme avait présenté le 1630 ACE de 1,6 litre, un puissant moteur de 300 ch.
Cummins
Le spécialiste des moteurs diesel a présenté un nouveau système d’instrumentation, et quatre de ses populaires moteurs Quantum pour bateaux de plaisance sont maintenant conformes aux normes d’émissions européennes RCD2. Ces moteurs répondaient déjà aux normes américaines de l’EPA (Environmental Protection Agency).
Le système C Command Connect comprend une planche d’instrumentation visant à optimiser la protection des moteurs et à réduire les frais de fonctionnement des diesels de série Quantum. Le système est conçu pour résister aux vibrations, à l’humidité et aux autres aléas de la chambre des moteurs et du poste de pilotage. Il s’adapte aux commandes d’accélération et de transmission existantes. Il y a aussi une version plus élaborée avec différentes fonctions et alarmes supplémentaires, indicateurs de pression de température, etc.
L’homologation RCD2 et celle de l’EPA signifient que les moteurs QSB6.7, QSC8.3, QSL9 et QSM11 – d’une puissance de 291 à 705 ch – répondent aux normes environnementales mondiales et qu’ils peuvent être utilisés par les constructeurs nord-américains et européens.
Honda
Honda est un pionnier dans le domaine des hors-bord à moteur quatre-temps et la firme a une solide réputation en matière de fiabilité et d’économie d’essence. Depuis le lancement du BF250 il y a environ quatre ans, Honda n’avait présenté aucun nouveau modèle. Pour 2017, il y a deux nouveautés, les BF4 et BF6, qui viennent combler des trous dans la gamme des modèles portatifs. Avec ses 4 ch, le premier se glisse entre les BF2.3 et BF5. Avec ses 6 ch, le second s’intercale entre le BF5 et le BF8. Les deux sont construits à partir du même monocylindre de 127 cc. Ils affichent un poids d’environ 27 kg (60 lb) et sont dotés d’un réservoir intégré de 1,5 litre. Selon Honda, il y a assez d’essence pour filer pendant au moins 40 minutes avec l’accélérateur à fond. Les lignes sont épurées pour faciliter le transport, la barre est articulée et la poignée est bien large.
Lors du salon IBEX (International Boat Builder’s Exhibition) de l’automne dernier, le BF6 a remporté un prix dans la catégorie technologie pour moteurs hors-bord. Les juges ont notamment souligné les fixations moteur grand format qui réduisent les vibrations et le mécanisme qui abaisse momentanément la compression (en ouvrant la soupape d’échappement) pour faciliter le démarrage. Ce moteur est livré avec bouton de démarrage à simple pression; on peut ajouter en option un système de charge plus puissant pour alimenter les appareils électroniques. Le BF4 produit 2 ch de moins, mais il est doté des mêmes caractéristiques gagnantes.
Lehr
Les grands fabricants de moteurs marins – pour usage commercial ou récréatif – travaillent fort depuis une vingtaine d’années pour répondre aux normes de pollution et produire des engins à empreinte carbone et à émissions réduites. Il n’est donc pas surprenant qu’on ait vu apparaître des moteurs au propane sur les bateaux de plaisance il y a environ cinq ans. Avec seulement trois molécules de carbone, contre huit pour l’essence, le propane a un avantage naturel en matière d’émissions. De plus, il s’agit d’un carburant produit en Amérique du Nord et largement distribué (parce qu’on l’utilise déjà pour le chauffage et la cuisson).
L’entreprise californienne Lehr fabrique maintenant quatre hors-bord quatre-temps de 2,5 à 25 ch. Ce dernier, lancé en 2016, fonctionne avec un système à carburant liquide et un dispositif d’évaporation chauffant qui transforme le liquide en gaz. Il est disponible avec un démarreur électrique alimenté par une batterie interne au lithium-ion. Selon la firme, à 3000 tr/min, le Lehr 25 consomme un peu plus d’un gallon de combustible à l’heure.
Les plus petits moteurs de Lehr sont notamment populaires auprès des propriétaires de bateaux de croisière parce qu’ils peuvent utiliser les mêmes bonbonnes de propane que pour leurs BBQ.
Mercury MerCruiser
Cette année, Mercury ajoute seulement un nouveau moteur pour usage récréatif à sa gamme. Dévoilé à Miami en février dernier, le 115 Pro XS est un hors-bord quatre-temps principalement destiné aux bateaux de pêche de 17 à 20 pieds. Il faut dire que peu de temps auparavant, Mercury avait lancé ses nouveaux hors-bord Verado de 350 ch, puis la version 400 R de Mercury Racing en 2016, de même que trois nouveaux semi-hors-bord MerCruiser, dont un V-8 de 6,2 litres et un de 9,0 litres en déclinaison Mercury Racing.
Le nouveau 115 Pro XS est élaboré à partir d’un quatre cylindres de 2,1 litres à haut rendement et doté d’un système électrique plus puissant. On s’attend à ce qu’il livre de solides accélérations tout en exigeant moins d’entretien.
Au milieu de l’année 2015, Mercury avait fait une démonstration aux médias de son système d’ajustement de l’assiette automatisé Active Trim. Il a maintenant été officiellement lancé à Miami, en même temps qu’une nouvelle génération du système Joystick Piloting. Le système Active Trim agit sur l’angle d’inclinaison de l’embase, ou du moteur hors-bord, de façon à placer le bateau en position optimale. Il est maintenant disponible sur les semi-hors-bord avec technologie Smart Craft, sur les hors-bord quatre-temps de 40 à 400 ch, et sur certains modèles deux-temps. Le système Joystick Piloting est relié au système Smart Craft (tout comme le système Active Trim). Il est offert sur les hors-bord Verado, les moteurs diesel et à essence avec embase Axius, et les moteurs intérieurs avec embase Zeus. Il y a également de nouveaux écrans Vessel View de 5 et 7 pouces qui permettent d’afficher les données en direct pour jusqu’à quatre moteurs et de faire l’interface avec le radar, le sonar et les traceurs de cartes par GPS.
Le pilotage par joystick rend les manœuvres de précision plus simples et exemptes de stress pour tous les pilotes. Avec le système Active Trim, l’établissement et les ajustements de l’assiette sont désormais choses du passé. En effet, le système comporte cinq différents modes selon le style de conduite et le type d’embarcation et il ajuste automatiquement l’assiette en fonction de la vitesse mesurée par GPS et du régime moteur. Il en résulte une conduite plus facile, et des économies d’essence automatiques.
Plus tard en 2017, on peut s’attendre à ce que Mercury annonce d’autres nouvelles technologies et d’autres moteurs, notamment dans le secteur des semi-hors-bord.
Suzuki
En 2015, Suzuki a lancé quatre nouveaux moteurs. L’an dernier, la firme a mis l’accent sur l’intégration de son système de contrôle Precision Maneuvering à de nombreux modèles. Pour 2017, des moteurs de 4 et 6 ch viennent compléter la gamme des portatifs. En tout, Suzuki propose 24 modèles hors-bord, de 2,5 à 300 ch.
Les DF4 et DF6 font appel à un monocylindre de 138 cc avec réservoir à essence intégré d’une capacité d’environ 1 litre. Ils affichent un poids de 24 kg (53 lb), un aspect particulièrement important dans le cas des petits moteurs portatifs.
Les deux nouveaux modèles sont munis d’une bonne poignée et on peut les déposer à l’horizontale sur trois faces sans renverser d’essence ni d’huile. La lubrification est assurée par un système sous pression avec filtre à huile, une caractéristique que l’on retrouve rarement sur des modèles de ce format.
Tohatsu
La marque Tohatsu n’est pas très connue sur le marché canadien, mais la firme fabrique des hors-bord au Japon depuis 1956. Une partie de ces moteurs ont été écoulés dans le cadre de partenariats avec des fabricants nord-américains, qui les revendaient sous leur propre marque. Aux États-Unis, Tohatsu fait également l’inverse : neuf de ses modèles sont fabriqués par Honda, ce qui lui permet d’offrir une gamme de quatre-temps qui s’échelonnent jusqu’à 250 ch (ce qui n’est pas le cas au Canada).
Au pays, Tohatsu propose 13 hors-bord quatre-temps de 2,5 à 50 ch, et sept deux-temps TLDI (Two-stroke Low-pressure Direct Injection). La gamme des deux-temps démarre avec le MFS25 de 25 ch à propulsion par jet et va jusqu’au MFS115 de 115 ch. Ces moteurs font appel à la technologie d’injection directe Orbital (que l’on retrouve également sur les deux-temps OptiMax de Mercury).
En 2015, Tohatsu a ajouté des nouveaux modèles quatre-temps MFS de 40 et 50 ch à sa gamme. Plus tard en 2017, plusieurs autres nouveaux modèles pourraient faire leur apparition selon un porte-parole de la firme. On s’attend à ce que ce soient des quatre-temps.
Torqeedo
Ce fabricant allemand propose des moteurs électriques depuis seulement une dizaine d’années environ, mais il a déjà fait une solide contribution à la réduction des émissions dans le secteur nautique.
Torqeedo offre une gamme de hors-bord, de moteurs intérieurs et de propulseurs omnidirectionnels affichant une puissance équivalente de 1,5 à 80 ch. La firme fabrique également des systèmes hybrides qui permettent de produire de l’électricité et de l’utiliser pour la propulsion et le fonctionnement des accessoires de bord.
Le hors-bord Cruise 10.0 R présenté en 2016 est entré en production pour 2017. Il pourrait s’avérer populaire pour les annexes ou pour les voiliers de format moyen. Dans le cas du Deep Blue de 80 ch, le coût total des batteries et du moteur semblera peut-être prohibitif pour les plaisanciers. Par contre, le prix du Cruise 10.0 R avec batteries s’élève à environ 20 000 $, ce qui veut dire que les économies d’essence pourraient éventuellement compenser pour la différence de coût.
Certaines entreprises commerciales ont déjà commencé à mettre à profit les avantages des moteurs Torqeedo. C’est le cas par exemple de Croisières Outaouais : son nouveau navire d’excursion Queen Elizabeth Dr de 75 pieds est propulsé par deux hors-bord Deep Blue de 80 ch. Un navire-jumeau, aussi à moteurs électriques, devrait être inauguré plus tard cette année.
Volvo Penta
Au cours des dernières années, Volvo Penta a restructuré sa gamme de semi-hors-bord. Le fabricant suédois a aussi présenté son système de propulsion avec hélices tournées vers l’avant Forward Drive, qui a séduit les constructeurs de bateaux de surf.
Pour 2017, Volvo positionne ses nouveaux produits dans le cadre de son concept Easy Boating, une approche visant à intégrer les moteurs et les systèmes de propulsion de façon à rendre la navigation de plaisance plus accessible et plus agréable.
Les nouveaux moteurs diesels D8 de 550 et 600 ch – en configuration intérieure ou avec propulseurs IPS – s’inscrivent dans cette approche. Leur cylindrée est de 7,7 litres et ils sont destinés à des yachts de 45 à 55 pieds.
Les moteurs D8-IPS700 et D8-IPS800 et leurs systèmes de propulsion avec embases gouvernables orientées vers l’avant permettent de réaliser des manœuvres de précision à l’aide d’un joystick. Volvo Penta vous permet également de profiter des commandes par joystick avec une paire de moteurs intérieurs D8. Le système permet alors de coordonner la transmission, l’accélérateur et les propulseurs latéraux de façon à obtenir une manœuvrabilité maximale.
La nouvelle clé électronique e-Key avec commande à distance vise elle aussi à rendre le nautisme plus facile et accessible en permettant au propriétaire d’activer les batteries, de mettre en marche le système de contrôle électronique et même d’allumer les lumières du pont.
Yamaha
Au moment d’écrire ces lignes, Yamaha avait annoncé le renouvellement de son gros hors-bord à moteur V8 et l’ajout d’un nouvel engin à l’autre extrémité de la gamme, le F2.5B de 2,5 ch (d’autres modèles devraient être lancés un peu plus tard). Il y a également deux modèles à contrôle mécanique destinés au marché des moteurs de remplacement.
Présenté en janvier dernier, le F2.5B est doté d’un nouveau capot arrondi et d’une poignée redessinée. Avec son monocylindre de 77 cc, il affiche un poids de 17 kg (37 lb).
Tout comme le F350 original lancé il y a bientôt neuf ans, le nouveau F350C de 350 ch présenté l’été dernier fait appel à un V-8 de 5,3 litres à aspiration naturelle. Yamaha explique que la forte cylindrée et l’aspiration naturelle permettent d’obtenir une courbe de couple particulièrement linéaire, et de livrer la puissance de façon plus douce qu’avec des six cylindres suralimentés comme ceux des concurrents. Le nouveau moteur est accompagné d’une garantie de cinq ans, un aspect qui devrait plaire à de nombreux plaisanciers.
L’été dernier, Yamaha a aussi présenté des versions à contrôle mécanique de ses hors-bord quatre-temps de 225 et 250 ch, les nouveaux F225XB et F250XB Mechanical. Ces deux moteurs sont des V-6 de 2,4 litres avec cylindres au plasma sans chemises, ce qui permet de réduire le poids. Le terme « contrôle mécanique » signifie qu’habituellement on n’aura pas besoin d’installer un nouveau boîtier de contrôle en installant ces moteurs.
Pour 2017, il n’y a pas de nouveaux moteurs du côté des bateaux sport et des WaveRunner. Par contre, le tricylindre quatre-temps TR-1 lancé récemment est maintenant offert dans trois modèles de motomarines et dans deux bateaux sport.
Par Mike Milne
*Cet article a été publié dans le magazine Printemps 2017 de Québec Yachting.