Majestueux Tremblant où se marient nature et plaisirs
Que dire de ma courte expérience à Tremblant? Tout à fait exceptionnelle. Littéralement enchantée par cette effervescence d’activités et cette beauté intacte de la nature à quelques pas de ce tourbillon de loisirs. Une dualité que Tremblant réussit à réunir harmonieusement. De tout pour tous, dans un décor grandiose de carte postale et un panorama de villégiature.
Avec un accueil des touristes de calibre international, notamment grâce à son aéroport, Tremblant a de quoi en imposer. Ce petit village typique à l’allure alpine, parachevé grâce à des investissements d’un milliard de dollars au début des années 90, est devenu un endroit fréquenté par la jet-set en quête de loisirs et de décors champêtres. Il est reconnu comme étant le meilleur endroit de ski de l’est de l’Amérique du Nord. Dès l’arrivée, au pied de la station, la montagne, le lac et son village nous hypnotisent et le charme du séjour ne fait que débuter. Hiver comme été, l’action est au rendez-vous. Nous y étions à la fin du mois de juillet, en pleine canicule. Ce fut un bref séjour intense et inoubliable.
La ville de Mont-Tremblant a une longue histoire. Peuplée en 1600 par les Algonquins-Weskarinis, ce sont eux qui lui ont donné le nom de Manitonga Soutana « montagne tremblante ». Selon leur tradition, quand le Grand Manitou, un esprit qui l’habitait, était en colère parce que quelqu’un troublait la nature, il la faisait trembler. Ce qui arrivait assez fréquemment, la zone ayant une activité sismique établie.
Pendant plus de trois décennies, dès 1870, ce fut l’épopée de la colonisation et les compagnies forestières américaines s’y sont installées afin de fournir du bois, notamment des grands pins, qui étaient exportés dans un premier temps pour la construction de navires en Angleterre et, par la suite, des arbres plus petits pour la fabrication de maisons et ultérieurement du papier journal aux États-Unis. La drave a constitué une activité très intense à cette époque, en cette fin du XIXe siècle. Les draveurs étaient considérés comme des héros. Vivant dans des conditions difficiles, ils bravaient sans cesse la mort. Cependant, l’industrie forestière s’essouffla et l’économie de la région connut alors un temps mort. Le tourisme prit heureusement la relève. Les Américains s’y rendaient en grand nombre. Parmi ceux-ci, un nommé Joseph Bondurant Ryan de Philadelphie, avec l’aide de financiers de Wall Street, débuta en 1938 la construction d’une remontée mécanique pour le ski alpin et d’un petit village élégant au pied des pentes. Cela permit à la station de ski Mont-Tremblant Lodge de devenir un endroit très sélect et connu dans le monde pour skier. De plus, on trouva une nouvelle vocation au chemin de fer qui avait brisé l’isolement des habitants de Mont-Tremblant au temps de la colonisation. Celui-ci, tant désiré par le « roi du Nord », le curé Labelle, pour faciliter le transport, devint alors très populaire. « Ce train va entraîner non seulement du commerce, mais aussi des chars pleins de touristes », avait-il prophétisé. Les Montréalais et les habitants de Saint-Jérôme s’y retrouvaient pour y séjourner durant le week-end et leurs vacances, hiver comme été. La chasse et la pêche étaient très populaires, surtout l’apanage des clubs privés.
Cet engouement pour Tremblant a pris de l’ampleur année après année à partir de 1939. Maintenant, l’été, une panoplie de festivals y a lieu. Un casino, géré par la Société des casinos, y a été érigé en 2009. L’offre d’hébergement est énorme : hôtels, condos, appartements, maisons, etc. Nous logions au Fairmont, où l’accueil et la courtoisie du personnel sont exceptionnels. On s’y sent agréablement comme chez soi. Les rénovations récentes des restaurants sont à la fine pointe de l’élégance et du bon goût, et les buffets déjeuners sont délicieux.
Le chemin de fer a été remplacé par l’autoroute et on peut s’y rendre en un peu moins de deux heures de voiture à partir de Montréal. Son ancien parcours est devenu une piste cyclable et un long parc linéaire qui sont accessibles aux cyclistes et aux marcheurs. Les petites gares de jadis sont demeurées en place et elles se sont mutées en centres culturels. Celle du village de Mont-Tremblant est vraiment très jolie et accueillante. La location de bicyclettes accommode les visiteurs. Mont-Tremblant est fusionnée avec l’ancienne ville de Saint-Jovite où sont maintenant regroupés les services administratifs.
Croisière sur le lac
La croisière sur le lac Tremblant à bord du Grand Manitou fut une charmante balade d’une heure, commentée et parsemée d’anecdotes évoquées par une gentille hôtesse. On a pu y voir la superbe maison du célèbre joueur de hockey Mario Lemieux, qui compte aussi un pavillon pour les invités, avec au total 26 cheminées! D’autres gens riches et célèbres sont aussi présents sur les rives du lac. On y apprend que la route s’arrête à la moitié du lac et que les autres résidents doivent s’y rendre soit en bateau durant la belle saison ou en motoneige l’hiver… L’eau du lac est tellement pure dans cette partie que les habitants la consomment sans aucun traitement. Les chevreuils y sont extrêmement nombreux et broutent les conifères, si bien qu’on peut voir une nette démarcation sur les arbres. Cette croisière est un must lorsque l’on visite Tremblant.
Tonga Lumina
Un spectacle féerique est présenté depuis juillet 2017 par Moment Factory. Lorsque nous y sommes allés, nous avons vécu Tonga Lumina avec beaucoup d’émotion. Après une remontée en téléphérique dans la montagne, le reste du parcours est ponctué de douze stations sur une distance de 1,5 kilomètre. Une randonnée plaisante qui se fait en soirée, après le coucher du soleil. D’une durée d’une heure, elle s’effectue sur un sentier couvert de pierres fines. La trame sonore diffusée nous enveloppe de l’histoire du géant de la montagne qui veut garder intacte la nature. Une belle leçon d’écologisme!
Pierre Plouffe, une force de la nature, responsable du Centre nautique du lac Tremblant
Rencontré lors d’une superbe matinée ensoleillée au Centre nautique de Tremblant, le très inspirant et sympathique Pierre Plouffe nous a entretenus avec enthousiasme de sa passion pour le ski nautique et pour la vie en général, devant ce qu’il qualifie de plus beau spectacle : le décor naturel du lac Tremblant. Supervisant l’apprentissage en ski nautique d’une jeune demoiselle sous les yeux admiratifs de ses parents, Pierre était visiblement heureux de transmettre sa passion pour ce sport.
Natif de Saint-Jérôme, Pierre Plouffe a débuté au lac Ouimet pour une première compétition de ski nautique en 1962, à l’âge de 12 ans, organisée par les frères Dubois, Serge et Luc. Son père lui avait acheté un bateau et des skis nautiques très rudimentaires alors qu’il n’était âgé que de 10 ans. Avec son cousin, il avait fait sa première expérience et n’avait réussi qu’au bout de sept essais… Sur un seul ski! C’est ce qu’il aime le plus. Sa mère adorait la compétition aussi. Son parcours était de vingt bouées plutôt que de six! Natif de Mont-Tremblant, son grand-père, dont une rue porte d’ailleurs son nom « le chemin Plouffe », était propriétaire d’un chalet. Depuis, l’amour pour ce sport ne l’a pas lâché. Il a fait le tour du monde : Australie, Allemagne, Californie, etc. Après un séjour de quatre ans à Sherbrooke, il a ouvert son école de ski nautique à l’Estérel. En 1992, il ouvre le Centre nautique du lac Tremblant. Champion du monde en 2016, il compte bien défendre son titre et même se surpasser en 2018. Maintenant âgé de 66 ans, après avoir dû mettre sa carrière entre parenthèses en 2005 alors qu’il se découvre diabétique, il remporte l’année suivante le Championnat de ski canadien nautique et, en 2008, le Championnat du monde en Espagne, puis celui d’Italie en 2010. Il a cependant dû faire un second arrêt en 2014 pour subir trois opérations à la suite d’un cancer colorectal. Il tient à remercier sincèrement le Dr Alexandre Bouchard de Sainte-Agathe-des-Monts, son oncologue. Il a d’ailleurs mis sur pied « la Fin de semaine de la santé » qui se tient au début septembre de chaque année, dont les profits sont partagés à 50 % pour les soins des patients de la région atteints du cancer.
Pierre Plouffe dégage un optimisme incroyable. « J’ai la chance d’être ici tous les matins », dit celui qui est très heureux de survivre sans séquelles au cancer dont il a souffert, tout en aidant ceux qui en sont atteints.
Le Centre nautique compte 52 employés, des bateaux de ski, de surf, des catamarans, des pontons, des zodiacs, des petits dériveurs, tous en location à l’heure. Le ministère des Transports lui a décerné la note A1+. Au total, 178 embarcations sont sous sa responsabilité.
L’année 2018 sera celle du Championnat du monde pour les seniors en ski nautique et Pierre Plouffe, le doyen de sa catégorie, compte bien le remporter et perpétuer son titre. On lui souhaite la meilleure des chances!
Le Fairmont
La gentillesse du personnel du Fairmont Tremblant où nous logions est tout simplement extraordinaire. Les employés semblent vraiment heureux d’y travailler et nous le ressentons dans tous leurs gestes. Situé au pied de la montagne, confortable et chaleureux, cet hôtel compte 314 chambres, dont certaines avec vue sur le lac Tremblant. Deux piscines, dont une intérieure, y sont ouvertes à l’année. Un endroit très agréable et fort invitant qui laisse un souvenir indélébile.
Informations : www.Tremblant.ca
Par Monique Reeves
*Cet article a été publié dans le magazine Printemps 2018 de Québec Yachting.