Québec Yachting

Naviguer maintenant sous les tropiques, au printemps

Antigua. Crédit photo : Sean Pavone, Shutterstock.

C’est maintenant le temps de naviguer en tout confort sous les tropiques. Pourquoi? C’est qu’au printemps :

  • La météo est plus clémente. Terminés les « Christmas Winds » qui souvent soufflent de 25 à 30 nœuds, amènent des prises de ris et nous douchent d’embruns.
  • Les prix sont meilleurs. Le pic de la saison touristique est dépassé. Les voyages en avion sont probablement à leur plus bas coût. La location des voiliers est aussi moins chère, plus facile et avec plus de choix. La location des voitures est également plus économique.
  • Il y a moins d’affluence partout et le service sera évidemment supérieur.
  • Mais surtout, c’est qu’avec le retour des beaux jours au Québec, on frétille de profiter de la brise bien ensoleillée qui balaie agréablement l’eau.
  • Vivement la mer tropicale à 28 °C et l’alizé maintenant assagi des Antilles!

Le printemps est donc un moment à privilégier pour louer et naviguer sur la mer des Caraïbes. Où aller aux Antilles? En début de printemps, pratiquement toutes les Antilles devraient offrir de belles conditions météo pour la voile. Par contre, si on tarde un peu et qu’on pense partir fin mai ou même début juin, il devient préférable d’aller vers le sud des Antilles puisque la saison cyclonique y débute plus tard. Même aux îles plus au sud, de la Guadeloupe à Grenade, à partir du mois de mai, vous connaîtrez peut-être des ondes tropicales. Celles-ci amènent souvent un ou deux jours de pluie, voire de grains (grosses averses venteuses). Donc, il est préférable mais pas essentiel d’y aller avant le début mai.

Quels sont les endroits intéressants pour la navigation printanière, là où la météo est normalement clémente?

Tout d’abord, qu’est-ce qui rend un endroit intéressant?

  • Le climat et la météo;
  • La beauté de la nature;
  • La facilité d’accès;
  • La bienvenue douanière;
  • Les coûts;
  • La qualité des hôtels et restos;
  • La beauté des plages et la température de l’eau.

Un site qui intéressera les voileux offrira :

  • De belles marinas où on trouve tous les services;
  • Des mouillages de bonne tenue qui, en plus, protègent de la mer venant de tous les côtés;
  • Des parcours de navigation agréables et relaxants;
  • Des loueurs de bateaux efficaces et avec des prix raisonnables;
  • Une brise toujours présente mais pas trop forte;
  • Des points d’approvisionnements faciles et intéressants.

Tôt le printemps, tous les endroits des Caraïbes peuvent offrir de belles conditions climatiques. Les plus populaires, depuis le nord vers le sud, sont les îles Vierges, Saint-Martin (il faut cependant considérer que cette île, tout comme Saint-Barthélemy et les îles Vierges, se remet du désastreux ouragan Irma), Antigua, la Guadeloupe, la Martinique et Grenade. Mais très tôt en saison, les plus belles conditions seront surtout vers le sud, soit depuis la Guadeloupe à Grenade. Pour la Guadeloupe et la Martinique, on trouve à très bon prix des vols directs sans escale depuis Montréal (Air Canada). Pour les autres, il faut prévoir une ou deux escales.

Les îles Vierges

Les îles Vierges britanniques forment un joli archipel avec peu de distance à naviguer d’un mouillage à l’autre. En pleine saison, les baies sont très achalandées, mais au printemps, ce sera plus agréable. Les îles Vierges des États-Unis sont plus commerciales alors que les îles Vierges espagnoles sont plus rustiques. Dans plusieurs mouillages, on trouve des restos. Attention, car la saison cyclonique débute assez tôt dans cette région, quelquefois même en mai!

Saint-Martin

Un immense mouillage à l’intérieur de l’île, le lagon, offre une protection tous axes. On s’approvisionne facilement et plein de restos se disputent nos faveurs en nous offrant moult saveurs, dont évidemment la cuisine française. Au nord, à quelques milles nautiques, se trouve Anguilla, une jolie île anglaise. Un peu au nord d’Anguilla, on peut mouiller de jour aux Prickly Pear Cays. Bel endroit pour la plongée masque tuba. Au sud, c’est Saint-Barth. Très sympathique avec des airs de village méditerranéen. Plus loin, à l’est, se trouvent Saba et Statia. Jolies, pas touristiques, pas de mouillages et très protégées. Cette année, mieux vaut vérifier avant que tous ces endroits soient suffisamment remis des ouragans Irma et Maria pour nos besoins en navigation.

La Guadeloupe

Il y a un vol direct sans escale depuis Montréal. En fait, pour nous plaisanciers, la Guadeloupe est un bel archipel avec Les Saintes, Marie-Galante et la Désirade, offrant un accès facile à Antigua-et-Barbuda. Les Saintes se remettent de la visite de l’ouragan Maria, tandis que Barbuda a été dévastée par Irma. Mieux vaut vérifier avant de louer un bateau et s’assurer que la navigation est sans ennuis en ce moment!

On trouve plusieurs mouillages dans ces archipels, dont certains biens protégés. L’approvisionnement y est excellent. Antigua est plus touristique, les douanes pas toujours commodes et les mouillages souvent achalandés. Barbuda n’est presque pas habitée et bordée sous le vent par des plages magnifiques. Les Saintes, ces petites îles du département de la Guadeloupe, sont accueillantes et agréables à visiter à pied. On y trouve plusieurs mouillages sur du sable. La Dominique, plus au sud, n’offre pas beaucoup de bons mouillages et elle a été dévastée par Maria.

Régate de yoles, le Marin. Crédit photo : Michel Brassard.

La Martinique

Bon, je vous l’avoue tout de suite, c’est mon île de premier choix. Le mouillage du Marin offre une superbe protection, l’accueil est chaleureux, la marina offre tout et l’approvisionnement y est un plaisir. Plus de 1500 voiliers se trouvent dans cette grande baie, dont 900 à la marina. On y trouvera certainement un voilier à son goût à louer. L’accueil douanier vous mettra tout de suite le sourire aux lèvres. Il y a de nombreux mouillages autour de l’île, des plages magnifiques et je pense à celles des Salines, Grande Anse d’Arlet et la Caravelle, en tout une quinzaine. Malheureusement, depuis quelques années, des algues (les sargasses) viennent par moments salir les baies et plages de la côte au vent (celle du côté est). L’île est magnifique, offrant une grande variété de paysages, dont une forêt humide remarquable. Visiter l’île est un must! La Martinique n’a presque pas été affectée par Maria.

Depuis le Marin, la majorité des navigateurs filent bon plein ou petit largue sur un cap de 200 vers Sainte-Lucie, puis poursuivent vers Saint-Vincent et les Grenadines. On peut aussi choisir un vol vers Sainte-Lucie avec une escale à Toronto. L’aéroport international d’Hewanorra est tout au sud de l’île, tandis que la principale marina est tout au nord. Comme on conduit à gauche, plusieurs préfèrent le taxi à la location d’une voiture. L’île est très belle, mais sans mouillages complètement protégés. Le lagon offre une protection parfaite, mais il est maintenant propriété de la marina. Selon la météo, il faudra possiblement passer la nuit au ponton de la marina.

Les Grenadines qui offrent de bons et beaux mouillages sont Bequia, Union, les Tobago Cays (c’est un parc payant cependant) et Carriacou, qui fait partie de Grenade.

Grenade

Il faut prévoir souvent deux escales pour le vol vers l’aéroport de Pointe-Saline. Le lagon du carénage, à Saint-George, est aussi devenu propriété privée. Il faudra donc passer la nuit au ponton si la météo est fâchée, dans la grande baie au large de Saint-George. Les baies du sud offrent une bonne protection tant que l’alizé ne souffle pas plus sud que sud-est. L’île est aussi très belle et mérite une visite. Pour s’approvisionner, il faut prévoir un taxi (on conduit à gauche ici aussi). Le choix d’aliments est familier, bon et les prix raisonnables.

Depuis Grenade, on met habituellement le cap vers le nord pour rejoindre la baie de Tyrrel sur Carriacou. Attention, car on y a placé des coffres (mouillages obligatoires) et on vous facture à la nuit! Depuis là, on file vers l’île d’Union (sortie de douane à Carriacou et entrée de douanière payante à Union, qui fait partie de Saint-Vincent).

Pourquoi n’ai-je pas mentionné Saint-Vincent? L’insécurité des mouillages de cette île est trop importante. Faire attention aussi à Sainte-Lucie. Vous pouvez vérifier avant de prévoir une navigation en consultant le site de la Caribbean Safety and Security Net au safetyandsecuritynet.org.

Alors, bons vents portants et vive les tropiques!

Par Michel Brassard

*Cet article a été publié dans le magazine Printemps 2018 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!