Tout savoir sur les vêtements de flottaison individuels autogonflants
Le samedi 22 février 2020, la CONAM a organisé un séminaire sur la sélection, le réarmement et l’entretien des vêtements de flottaison individuels (VFI) et sur les balises personnelles, animé par Gaël Simon, dans les locaux de Nautisme Québec à Longueuil.
Au cours des dernières années, plusieurs plaisanciers ont délaissé leur gilet de sauvetage ou VFI traditionnel (à flottabilité intrinsèque) pour une version autogonflante. Pourquoi? Parce qu’elle est plus confortable, plus légère, moins chaude lors des journées de canicule… et surtout plus jolie!
Sachez cependant que ce dispositif de sécurité est interdit pour les utilisateurs de motomarines, les activités de kayak en eaux vives et les jeunes de moins de 16 ans ou pesant moins de 36,3 kg (80 lb). Si vous faites du ski nautique, de la planche à pagaie ou du canot, il est plus judicieux d’utiliser une veste de sauvetage ou un VFI traditionnel pour ne pas déclencher votre dispositif de gonflement inutilement lors d’une immersion accidentelle (ou saucette imprévue). Votre gilet ou veste doit être homologué par Transports Canada, ce qui en assure la fiabilité. Leur fonction est non seulement de vous maintenir à la surface, mais aussi de vous retourner sur le dos et de vous maintenir la tête hors de l’eau si vous êtes inconscient, épuisé ou en hypothermie. Cliquez ici pour tout savoir sur la règlementation.
Le choix d’un gilet de sauvetage autogonflant : devez-vous choisir un VFI manuel ou automatique?
Les modèles autogonflants à déclenchement manuel se gonflent suite à une traction sur la tirette. Leur avantage est d’être plus abordables que les modèles automatiques, mais ne vous seront d’aucune utilité si vous vous cognez la tête et que vous tombez par dessus bord inconscient.
Le VFI automatique se gonfle lorsque le déclencheur détecte l’eau et peut aussi être déclenché manuellement par une tirette au besoin. Celui-ci fonctionne immédiatement dans l’immense majorité des cas, mais il se peut qu’il ne se déclenche pas tout seul. Cet équipement de sécurité n’est donc pas infaillible. Il est aussi plus cher à l’achat qu’un VFI autogonflant manuel ou une veste de sauvetage traditionnelle.
Il existe deux types de gonflements automatiques. Les modèles à déclenchement hydrostatique, dont la bonbonne se situe souvent à l’intérieur de la vessie, nécessitent que le senseur soit submergé dans l’eau d’environ 10 cm avant de se déclencher. C’est la pression de l’eau qui fera le travail. Vous n’aurez donc pas à craindre un déploiement sous la pluie et les embruns. Ils peuvent aussi prendre plus de temps à se gonfler, parfois jusqu’à 20 secondes. Les modèles dont le déclenchement est provoqué par la dissolution sont composés d’un disque à l’intérieur du déclencheur qui se dissout dans l’eau. Ce disque, qui garde le percuteur armé et séparé de l’opercule de la bonbonne, est soluble dans l’eau. Une fois qu’il sera disparu ou du moins fragilisé par le contact avec l’eau, le percuteur sera propulsé par un ressort pour perforer l’opercule, libérant ainsi le gaz contenu dans la bonbonne et pour qu’il gonfle la vessie. S’il est entreposé dans un milieu humide, qu’il est exposé à la pluie et aux embruns, le disque (souvent appelé pastille de savon) va se dissoudre peu à peu et il risque de se déclencher prématurément. Ils sont cependant moins chers à l’achat et au réarmement que ceux à gonflement hydrostatique.
Tous les VFI autogonflants, qu’ils soient manuels ou autogonflants, sont munis d’une paille pour que vous puissiez les gonfler et dégonfler vous-même. Comme une chambre à air de bicyclette ou d’auto, l’air soufflé dans la vessie est gardé prisonnier par une valve anti-retour, qui peut être ouverte par une pression sur la pièce qui se trouve à l’intérieur de la paille, près de son extrémité. Il peut cependant s’avérer difficile de souffler dans la paille une fois par dessus bord, puisque vous devrez garder votre tête hors de l’eau et nager en même temps. Vous aurez l’opportunité de tester le gonflement par la paille lors de l’inspection annuelle de vos VFI.
En situation d’abandon du navire, l’idéal serait de déclencher votre VFI avant de descendre calmement à l’eau, pour éviter de mouiller vos cheveux et retarder ainsi les effets de l’hypothermie.
Prévoyez-vous naviguer en eaux agitées, sur l’océan, en équipage réduit ou en solitaire? Choisissez un modèle conçu pour être en mesure de vous attacher au bateau. S’il est muni de deux boucles en acier inoxydable au niveau de la taille, il est important d’attacher une extrémité de votre longe aux deux boucles du harnais à la fois.
L’ajustement
Ne procrastinez surtout pas sur l’ajustement. Vous devrez ajuster votre VFI tout au long de la saison. Celui-ci ne sera pas le même si vous portez un manteau ou un costume de bain. Une fois dans l’eau, il sera trop tard pour effectuer des ajustements.
« Le harnais doit être efficace et ajusté à votre taille. Vous devriez avoir de la difficulté à passer votre poing entre la sangle de la veste et votre corps. Si vous êtes capable de passer votre poing de chaque côté de votre corps, il est fort probable que si vous vous retrouvez soudainement dans l’eau, la veste gonflée reste à la surface, mais que vous glissiez dans l’eau. »
N’hésitez pas à identifier les VFI de chacun des membres de votre famille ou de votre équipage afin qu’ils puissent trouver rapidement leur veste et éviter de l’ajuster à chaque sortie. Des vestes de différentes couleurs peuvent aussi simplifier cette appropriation.
Si vous embarquez de nouveaux plaisanciers, montrez-leur où se trouve la tirette du VFI qui leur est assigné, qu’il soit supposé se gonfler automatiquement ou pas. Invitez-les aussi à l’ajuster à leur taille pour qu’il soit assez serré pour les garder à la surface en cas de chute par-dessus bord. Si une personne tombe à l’eau, il est impératif que celle-ci garde son calme et ne panique pas. Prenez le temps de faire une rencontre de sécurité de quelques minutes avant de naviguer. Cela vous positionnera en tant que leader et fera en sorte que votre équipage aura confiance en vous et que les plus craintifs se sentiront plus confiants.
L’inspection
– Une fois par année, gonflez la vessie de votre VFI à l’aide de la paille et attendez 24 heures. Si celle-ci reste gonflée, il n’y a aucune fuite.
– Inspectez la bonbonne de CO2 (le cylindre métallique). Elle peut se corroder au point de ne plus contenir de CO2. Si vous attendez trop longtemps pour la changer, rendue rugueuse par la corrosion la bonbonne pourrait user prématurément la vessie, détruisant ainsi le VFI définitivement.
– Vérifiez la date d’expiration de la bonbonne et changez-la au besoin.
– Inspectez le déclencheur, les témoins de couleur s’il y en a, et sa date d’expiration.
– Vérifiez la décoloration causée par l’exposition aux rayons ultraviolets.
– Vérifiez la présence d’usure sur les harnais et les boucles.
Le réarmement
Vous devez remplacer votre bonbonne? Apportez votre VFI au magasin afin d’acheter un kit de réarmement compatible. Cela vous évitera de vous déplacer plusieurs fois. Choisissez l’ensemble dont la date d’expiration est la plus tardive parmi ceux disponibles au magasin. La procédure de réarmement est spécifique à chaque modèle. Respectez bien les étapes pour éviter un déclenchement à l’improviste.
Utile à savoir
– Ne portez JAMAIS un VFI autogonflant à l’intérieur d’un manteau. En se gonflant, cela provoquera une pression sur votre corps qui pourrait vous blesser.
– Si votre indicateur de déclencheur est rouge au lieu d’être vert sur les modèles avec ce type de témoin, cela signifie que le mécanisme de perforation de la bonbonne n’est plus armé et donc que le ressort n’est plus en mesure de provoquer le gonflement de la veste au contact de l’eau, qu’il y reste du gaz carbonique dans la bonbonne ou pas.
– Vous naviguez à l’international? Vous devez posséder l’équipement obligatoire selon la réglementation en vigueur dans le pays où votre bateau est enregistré ou immatriculé. Si vous voyagez en avion, les bonbonnes (de rechange et celle dans votre veste) ne peuvent voyager avec vous dans votre bagage à main, elles doivent être dans un bagage enregistré en soute. Aux dernières nouvelles, plusieurs compagnies aériennes limitaient le nombre de bonbonnes par passager à une installée dans un VFI et à une de rechange dans son emballage d’origine.
– Bonne nouvelle : une norme conjointe Canada – États-Unis sur les vêtements de flottaison a vu le jour en 2017. Certains VFI conformes au Canada le seront éventuellement aussi aux États-Unis. Cliquez ici pour obtenir davantage de renseignements.
Les accessoires
Il n’y a qu’un seul endroit où placer les accessoires que vous voulez attacher à votre VFI : sur la sangle de taille, idéalement dans un petit sac prévu à cet effet. Le contact avec la vessie du gilet pourrait abîmer celle-ci par frottement à la longue. Si vous y ajoutez une lumière ou une balise de détresse qui n’a pas été installée sur le VFI initialement par le fabricant, il est judicieux de s’assurer qu’elle est lisse et arrondie, pour retarder le dommage par friction, et de l’attacher à la sangle de taille, car elle peut être éjectée par le gonflement rapide de la vessie.
– Point d’attache pour une longe.
– Certaines longes sont munies d’un mousqueton à ouverture rapide même sous tension, qui s’attache toujours sur les DEUX boucles en acier inoxydable du harnais de la veste. L’extrémité qui va vers le bateau peut être soit simple, soit double (dans le but de s’attacher ailleurs avant de se détacher d’une ligne de vie). Celle-ci est idéalement munie d’un mousqueton qui se barre automatiquement et qui nécessite une action volontaire de la main pour s’ouvrir. Que la longe soit simple ou double, il faut garder le mousqueton sécurisé vers le bateau et celui à ouverture rapide vers le marin. Une couture sacrificielle ou une gaine thermo-rétractable confirment que la longe n’a jamais été soumise à des tensions assez violentes pour l’endommager. Il est bon de l’inspecter visuellement avant chaque utilisation.
– Sangles sous-cutales.
– Lumières et bandes réfléchissantes SOLAS.
– Sifflet. Il s’agit de l’accessoire avec le meilleur rapport qualité/prix.
– Radio VHF portable (DSC avec GPS interne si possible).
– Feux pyrotechniques.
– Balises de détresse personnelles.
– Couteau en S ou pince-outils.
– Capuchon anti-embruns (ce dernier est requis pour les amateurs de course au large, recommandé par tous ceux qui naviguent au large ou dans des conditions de mer formée).
Apprenez à bien connaître votre VFI. Moins il aura de secrets pour vous, plus vous pourrez réagir rapidement en situation d’urgence et plus vous serez à l’aise. Après tout, il sert à vous sauver la vie!
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Stratégie Nautique offre différentes formations théoriques sur les règles de course, l’inspection et l’entretien des voiles, et sur la navigation sur le Saint-Laurent en cohabitation harmonieuse avec la marine marchande et les mammifères marins. Il est possible d’organiser une de ces formations conviviales dans votre marina ou chez un détaillant d’équipement nautique pour lancer la saison 2020 sur le thème de la sécurité nautique!
En collaboration avec Formation Nautique Québec, des formations embarquées sur le voilier GravlaX sont également disponibles, que ce soit les brevets de navigation croisière de Voile Québec ou de l’International Yacht Training (IYT). Stratégie Nautique utilise aussi la voile pour favoriser la cohésion d’équipe en entreprise et améliorer la communication et le leadership. Visitez le www.strategienautique.com pour en savoir davantage! Vous avez des questions? Écrivez un courriel à Gaël Simon et son équipe au strategienautique@gmail.com.
Par Joani Hotte-Jean en collaboration avec Gaël Simon, formateur privé et consultant pour Stratégie Nautique ainsi que capitaine du voilier GravlaX
*Cet article a été publié dans le magazine numérique Printemps 2020 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!