Québec Yachting

Passionnant road trip sur la route des navigateurs dans la région de Chaudière-Appalaches

Ne pouvant résister plus longtemps à l’appel du grand air et du charme bucolique des rivages du Saint-Laurent, nous sommes partis, enfin libres, sur la route des navigateurs, cette 132, si attirante par sa riche histoire maritime et la beauté exceptionnelle de ses paysages. Ne serait-ce que quelques jours pour jouir de l’éloignement du quotidien routinier…

Enfin le plaisir retrouvé de rouler vers d’autres horizons où les gens de la région nous accueillent chaleureusement. La joie de savourer d’authentiques mets du terroir dans une ambiance de chez nous, le bonheur de redécouvrir ce beau coin de pays!

Bien inspirés, renseignés par le guide consacré à ce parcours qui totalise 470 kilomètres (disponible au routesdesnavigateurs.ca) et qui nous suggère les coups de cœur, les incontournables, les restaurants, campings, hôtels, auberges, etc. Nous commençons joyeusement l’aventure par une journée caniculaire et ensoleillée. Nous ne ferons pas tout ce parcours qui couvre trois régions, mais voici un début prometteur!

Lieu national du chantier A.C. Davie.

Lévis

Après un délicieux lunch, dégusté au parc de l’Ancre, confectionné au sympathique café-relais O’Ravito, situé tout près de la piste cyclable (ancienne voie ferrée) de 15 kilomètres qui borde le fleuve, nous voici arrivés au Lieu historique national du chantier A.C. Davie. La très accueillante Chrystel nous y attend pour faire la visite de cet endroit chargé d’histoire, appartenant depuis 1994 à la Ville de Lévis. Une captivante entrevue avec cette passionnée du patrimoine. Nous apprenons que ce chantier maritime qui s’est d’abord spécialisé dans la réparation des bateaux a été en activité de 1832 à 1989 et qu’il résulte d’une histoire d’amour entre Allison Davie (capitaine de bateau) et Elizabeth Taylor (fille de George Taylor, propriétaire du chantier naval de la rivière Saint-Charles). Après la noyade de son mari, six ans après leur mariage, Elizabeth a géré seule ce chantier situé à Pointe-Lévy, face au château Frontenac, où la vue sur Québec est magnifique. En visitant la maison familiale qui abrite des photos, des objets, des documents et des pièces de collection, on replonge dans cette époque lointaine où les bateaux à voile en bois étaient les rois incontestés du fleuve. Les enfants ont aussi droit à des jeux afin de s’imprégner de l’atmosphère. Enfin, l’évolution de la compagnie, au fil des générations, nous est expliquée avec moult détails. À l’extérieur, les vestiges du chantier sont bien présents.

Statue de Joseph-Elzéar Bernier au quai Paquet.

C’est avec regret que nous quittons cette place pour nous diriger, à quelques pas seulement vers le quai Paquet, un aménagement récent comprenant du mobilier urbain raffiné et 160 jets d’eau au milieu duquel trône une statue du célèbre capitaine et explorateur Joseph-Elzéar Bernier. Ce dernier a habité durant 22 ans sur la rue Fraser une jolie maison avec jardin, jusqu’à sa mort en 1934. Ne nous laissant pas stopper par les 33 degrés Celsius et le soleil brulant, nous gravissons les 120 marches de l’escalier rouge pour atteindre la fameuse rue Fraser et admirer un superbe panorama. Pour achever cette étape, une courte visite à la marina de Lévis afin d’apercevoir le voilier de Georges Leblanc, originaire de l’endroit. Nous voici en quête de nouvelles découvertes en poursuivant notre route des navigateurs!

L’ancre de la marine Berthier-sur-Mer. Il semblerait que cette ancre soit un don de la garde côtière au début des années 1990.

Berthier-sur-Mer

Un court arrêt s’impose à la marina de Berthier-sur-Mer, le temps de photographier l’ancre imposante installée face à la mer, tout en en admirant les montagnes de Charlevoix en arrière-plan. Grandiose! Le Havre propose aussi une aire de pique-nique et un restaurant. C’est d’ici que partent les croisières Lachance pour l’Isle-aux-Grues, Grosse-Île et les 21 autres îles que constitue cet archipel qui contient le lieu historique national consacré aux immigrants en quarantaine. Une zone écologique de 48 hectares composée de trois kilomètres de sentiers et dotée d’une vue exceptionnelle sont aussi à voir. Malheureusement, lors de notre passage, la saison n’avait pas encore débuté.

Montmagny

Reconnue comme étant la capitale de l’oie blanche et le chef-lieu de l’accordéon, Montmagny est aussi le port d’attache du traversier (traversiers.com) vers l’Isle-aux-Grues, selon les marées, qui permet aux automobilistes et piétons de traverser gratuitement. Plusieurs cafés, pistes cyclables, parcs et haltes enjolivent le quotidien des touristes et des 11 280 résidents de cette ville de 374 ans d’histoire.

Cap Saint-Ignace

Ce village tranquille baigné du soleil ardent du milieu de juin compte 3 128 habitants. Parsemé de vergers, il s’y cache un vrai trésor : Petit Cap, un court sentier enjolivé de fleurs sauvages que nous suivons en longeant une terre agricole (au nord de la route 132) et qui nous réserve une agréable surprise : une vue imprenable sur le fleuve et L’Isle-aux-Grues. Parfait pour prendre quelques photos et pour observer plusieurs espèces d’oiseaux (capsaintignace.ca).

L’Auberge des Marguerites de l’Islet.

L’Islet

Confortablement assis sous la pergola d’un joli jardin, savourant une bière St-Edouard bien froide, rêvons-nous? C’est une rêverie bien réelle, aimablement élaborée par le couple Janic et Christian, nos hôtes, propriétaires depuis 15 ans de l’Auberge des Marguerites, une demeure patrimoniale construite pour Barthélemy Pouliot au siècle dernier. La route des navigateurs nous a conduits vers ce petit paradis, dans le village de L’Islet où le temps s’est arrêté, après une longue journée remplie de péripéties. Le couple sait bien recevoir. En effet, lauréat de nombreux prix de tourisme depuis plusieurs années, l’établissement est à la hauteur de sa réputation. Christian, mariant les 70 produits locaux en provenance de 23 producteurs, concocte des repas savoureux, dignes d’un grand chef étoilé. Le souper cinq services que nous avons dégusté était fabuleux. Ses suggestions de vin (d’importation privée) en font un sommelier de grand talent. Les huit chambres luxueuses et confortables portent toutes des noms de fleurs. Décorées avec goût et raffinement, elles invitent à un sommeil réparateur, bienfaisant. Cette merveilleuse auberge est ouverte à l’année (www.aubergelamarguerite.com).

Musée maritime du Québec.

L’Islet, où près de 200 marins, capitaines, pilotes, armateurs et charpentiers de marine sont nés, abrite le Musée maritime du Québec. C’est un must. Surtout depuis qu’il a été rénové en profondeur il y a une dizaine d’années environ. Plusieurs millions de dollars y ont été investis et le résultat est fantastique. Nous avions visité le musée avant ces rénovations et la différence est notable. Le concept audiovisuel et les présentations nous saisissent par leur réalisme et leur qualité. Joseph-Elzéar Bernier, capitaine à 17 ans et natif d’ici en 1852, rayonne de tout son éclat de grand explorateur. Ce n’est pas rien d’avoir fait le tour du monde 26 fois à son époque! Mise en évidence de façon spectaculaire par des photos grandeur nature, des maquettes et des artéfacts, l’exposition Racines de mer retrace d’authentiques récits d’aventure et de naufrages au 19e et 20e siècles.

Fabrication d’une chaloupe traditionnelle au Musée maritime du Québec.

Au premier étage, Le temps des chaloupes nous démontre les différentes techniques de construction navale. Il y a aussi l’exposition sur le Bras d’or 400, et au troisième étage, une immersion sonore dans le monde du brise-glace Ernest Lapointe. Puis la salle des maquettes dévoile 200 modèles réduits de navires qui ont marqué l’histoire québécoise et canadienne.

La cloche de l’Empress of Ireland au Musée maritime du Québec.

À l’extérieur face à la mer, un petit café permet d’admirer le beau panorama et de se restaurer. Les rosiers sauvages qui bordent les sentiers nous amènent vers le spectaculaire Bras d’or 400, un hydroptère construit à Sorel, mis en service en 1968 et désarmé en 1972, puis remis au musée.

Le brise-glace Ernest Lapointe et en arrière-plan, le Bras-d’or 400 dans le jardin du Musée maritime du Québec.

Le brise-glace Ernest Lapointe qui fut en service durant 37 ans (1941-1978) entre Montréal et Trois-Rivières, entièrement meublé tel qu’à cette époque, est aussi très intéressant à visiter. Enfin, le JE Bernier 11, ce voilier de 11 mètres qui a franchi le passage du Nord-Ouest entre 1976 et 1978, sous le commandement du capitaine Réal Bouvier, fait belle figure au milieu des rosiers en fleurs! Pour terminer en beauté, nous allons faire un tour dans la petite boutique de souvenirs et ne résistons pas au plaisir de nous en procurer quelques-uns.

La Chapelle des Marins à L’Islet-sur-Mer.

Un arrêt à l’Islet serait bien incomplet sans la visite de la petite chapelle des marins disparus en mer qui nous confirme la vocation maritime de cette municipalité.

Coucher de soleil vu du quai de Saint-Jean-Port-Joli.

Saint-Jean-Port-Joli

Une petite excursion à Saint-Jean-Port-Joli et nous sommes émerveillés à la halte repas sur le bord du fleuve à quelques kilomètres avant d’arriver. Le paysage est exaltant face aux montages de Charlevoix. En soirée, un repas pris dans une maison ancestrale du village et aimablement servi par la charmante Julianne au resto-bar La coureuse des grèves, après une journée bien remplie, nous a redonné l’énergie pour compléter en beauté la soirée. Nous étions plusieurs à contempler le majestueux coucher de soleil et à profiter de la brise bienfaisante au beau milieu du quai municipal. Un pur moment de splendeur!

Une randonnée de quelques jours formidables se termine et nous voici rêvant déjà à un prochain retour!

* Cet article a été rendu possible grâce à l’aimable collaboration de Tourisme Chaudière-Appalaches (chaudiereappalaches.com).

Par Monique Reeves

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Vol. 44 No. 3 de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est gratuit!