ArcticStern, toute une aventure
Une expédition et une course de voile traditionnelle autour du monde pour valoriser la relation entre l’humain et l’océan
Contre vents et contre courants, nous sommes partis de l’autre côté de la Terre avec un seul objectif : ramener Vénus, un voilier Baltic 51 de 1980 au Québec dans le but de sensibiliser le public aux enjeux environnementaux et de participer à une course autour du monde.
Bienvenue dans l’aventure humaine et le projet environnemental d’ArcticStern.
Pas d’exploits formidables au menu, pas d’histoires incroyables en hors-d’œuvre, seules la persévérance et l’ambition d’atteindre notre objectif vont être les ingrédients de cette aventure qui vit ses premiers jours en 2019, dans un petit appartement à Montréal, au Québec.
Je m’appelle Axel, et comme beaucoup de personnes aujourd’hui, du haut de mes 28 ans, je peux dire que toute ma vie, j’ai essayé de m’écouter. « Quand je serai grand j’aimerais être vétérinaire, quand je serai grand je voudrais être médecin, botaniste, documentariste, cinéaste, artiste de cirque, professeur d’arts martiaux, voileux professionnel, etc. », je me disais. Curieux, ouvert et aventurier par nature, j’ai regardé avec admiration ces personnes qui vivaient pour un projet et un idéal, par exemple Jean Lemire à bord de son Sedna IV.
Vivez votre rêve au lieu de rêver votre vie.
Si cette phrase a toujours été un mantra pour moi, ce n’est que récemment qu’elle a pris toute l’ampleur qu’elle mérite.
L’annonce de l’Ocean Globe Race 2023, course à la voile autour du monde, en équipage et dans les conditions technologiques des années 70, sans GPS ni instruments de navigation, en a été l’élément déclencheur.
En 2023, la première édition de la Whitbread fêtera ses 50 ans. C’est en hommage à cette première course que les Sables d’Olonnes (en France) accueilleront le départ de l’Ocean Globe Race!
Cette course d’une durée de neuf mois, dont le parcours de plus de 25 000 miles océaniques traverse quasiment tous les océans de notre planète, est l’Everest des mers. Une expédition où le courage, la détermination et le travail d’équipe sont primordiaux. Entre vous et moi, la course en elle-même est déjà un défi à part entière. C’est dans la cour des grands que nous nous apprêtons à jouer, à côté de grands noms de la voile comme Marie Tabarly à bord de son Pen Duick VI ou encore Tracy Edwards à bord de Maiden. Rien de moins.
Encore faut-il être sur la ligne de départ.
Il y a deux ans, lorsque je me suis inscrit, je n’avais ni équipage, ni bateau, ni finances. C’est quand même embêtant pour une course de voile en équipage. J’étais d’ailleurs le seul skipper sans bateau. Tout un défi mais j’ai décidé de sauter à pieds joints dans l’aventure.
Et c’est ainsi que naquit ArcticStern. L’apprentissage à travers l’aventure et l’expérience, le partage de la passion pour la voile et l’océan, une expédition et une course de voile traditionnelle autour du monde pour valoriser la relation entre l’humain et l’océan.
Ce projet se veut collaboratif. Toute personne intéressée peut s’impliquer et apporter son grain de sable. C’est ainsi que très vite nous avons reçu du soutien et que l’équipe s’est agrandie.
Vénus en Polynésie française
Après deux ans de recherche, c’est en décembre 2020, à l’ère de la COVID-19, que le voilier parfait pour le projet apparut. Vénus, un majestueux Baltic 51 de 1980. Une occasion unique qu’il fallait saisir car seuls les voiliers construits avant 1988 et de quelques marques sont admissibles dont SWAN, Baltic ou Nicholson. Autant vous dire que le choix n’était pas grand, encore moins quand on sait que le prix de ces voiliers s’envole en raison de leur bonne réputation. Moitessier disait : « On peut aller très loin et mener une vie intéressante avec très peu d’argent au départ, car on se débrouille toujours en chemin… à condition d’être en chemin. » Chose dite, chose faite. Ayant misé toutes mes économies dans cette aventure, j’étais déterminé à être en chemin!
Restait un défi de taille. Vénus se trouvait à Tahiti, en Polynésie française, en plein milieu de l’océan Pacifique, là où Moitessier avait justement fini sa longue route! Il nous faudrait donc y aller pour la récupérer et la ramener au Québec. La situation mondiale ne facilitant pas les déplacements, ce n’est qu’au bout de plusieurs mois d’incertitude, de discussions avec les anciens propriétaires et de démarches administratives auprès du Haut-commissaire polynésien, de la cellule COVID-19 ou encore des consulats français et canadiens, que nous avons réussi à trouver une occasion de nous y rendre! Sur le papier, l’objectif était clair et on ne peut plus simple. Récupérer Vénus, la préparer en huit jours et la ramener au Québec après une navigation de trois mois afin de pouvoir faire découvrir aux Québécois les joyaux du fleuve et du golfe du Saint-Laurent ce même été. La réalisation s’est avérée un peu plus complexe.
Le calendrier remis en question
Avoir un calendrier serré à bord d’un voilier est une très mauvaise idée si vous voulez le respecter, surtout sur un voilier que l’on ne connait pas. Autant dire que notre calendrier s’est vite avéré bien plus utopiste que réaliste. Bref, en mai, nous avons dû revoir notre agenda. Un choix devait être fait entre continuer avec le plan initial de retour au Québec en affrontant la saison des ouragans des Caraïbes et en arrivant dans la province en septembre, ou bien commencer les activités du projet ici en Polynésie et repousser le départ vers le Québec à novembre. Le deuxième choix s’est imposé naturellement pour des questions de sécurité. Logique. Et c’est ainsi que nous avons travaillé en Polynésie pendant les six mois suivants.
La Polynésie française, bien que vaste comme l’Europe en superficie, s’organise autour de l’île de Tahiti. Nommée « la ville » par les autres îles : si vous cherchez des grandes surfaces, des magasins de bricolage, des pièces, des articles de pêche, des restaurants, des musées ou encore l’aéroport international, c’est ici que ça se passe. C’est le carrefour entre la Polynésie et le reste du monde. Ensuite il y a les archipels dont certains sont plus ou moins connus. Le principal est l’archipel de la Société qui englobe les îles comme Tahiti, Moorea ou encore Bora Bora. Un mélange harmonieux de lagons dans toutes les déclinaisons de bleu, de montagnes escarpées et de plages de sable noir ou corallien, ce sont les îles les plus touristiques de par leur facilité d’accès.
L’archipel des Marquises situé à plus de 800 milles nautiques (1500 km) de Tahiti, qui a vu naître la danse Haka, se distingue par ses paysages de montagnes escarpées, forêts sauvages et décors dignes du film Le parc jurassique. Nous avons passé plus de deux mois à arpenter ces terres où la culture ancestrale du tatouage, de la danse, de la chasse, de la pêche et de la sculpture est encore vivante et omniprésente.
Plus de 70 atolls composent l’archipel des Tuamotus, le plus vaste de la Polynésie et dont uniquement quelques-uns sont habités. Le meilleur moyen de découvrir les Tuamotus, c’est en voilier, ou du moins par bateau car les eaux occupent un espace prédominant sur ce territoire et dans la vie de ses habitants. Si le marnage de la marée est moins important que celui de Tadoussac ou du fleuve Saint-Laurent, ses effets sur le courant ne sont pas moindres. Les atolls sont des îles coralliennes qui renferment des lagons qui communiquent vers l’extérieur grâce à des passes. Ils n’ont en général qu’une à deux passes où la profondeur diminue drastiquement des 2000 mètres du fond océanique à 20 mètres de profondeur au niveau de la passe. Ceci provoque des courants entrants et sortants qui peuvent atteindre les 9 nœuds en temps normal voire 24 nœuds dans des cas exceptionnels. Autant dire qu’il vaut mieux être sûr de bien regarder la table des marées!
ArcticStern en Polynésie française
Depuis notre arrivée en Polynésie ce sont plus de 5000 miles nautiques que nous avons parcouru à bord de Vénus, c’est plus de dix organismes de conservation que nous avons rencontrés tout en accueillant des équipiers qui ont eu l’occasion de découvrir la voile océanique à bord de Vénus avec l’équipe d’ArcticStern. Interventions scolaires auprès d’élèves afin d’y parler conservation des océans et aires marines protégées, organisation de ramassages de déchets sur terre comme dans la mer, rencontres avec les organismes locaux spécialisés dans les coraux, les baleines ou encore le biomimétisme, c’est avec passion que nous avons amené nos grains de sable pendant notre séjour en Polynésie.
En octobre une grande étape nous attendait : la traversée du Pacifique contre les vents et les courants dominants, « à l’envers ». Au menu, plus d’un mois de près, jusqu’au Panama, suivi de la traversée de la mer des Caraïbes avec comme destination les Antilles! Des équipiers venus du Québec se sont joints à nous pour cette aventure qui va être un bon entraînement pour l’Ocean Globe Race!
2023, le départ de la course, c’est la porte à côté! D’ici là le programme d’ArcticStern est bien rempli! Durant l’hiver 2022 nous sommes aux Caraïbes où vous pouvez nous rejoindre pour naviguer avec nous entre les îles. En été, c’est sur le fleuve Saint-Laurent, le golfe et au Labrador que nous allons être avant de sortir Vénus de l’eau l’hiver suivant pour la préparer au défi du tour du monde! Entre-temps, nous allons d’un côté continuer à organiser des évènements à portée environnementale, mais également faire la sélection et la préparation de l’équipage qui participera à l’Ocean Globe Race tout en continuant notre recherche de partenaires pour nous soutenir dans cette aventure unique! Nous allons être le seul voilier de pavillon canadien et le seul équipage du Québec à participer à cette course mythique! Vous voulez contribuer à ce projet unique? Contactez-nous au www.arcticstern.com et faites de l’aventure Arcticstern, votre aventure!
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Par Axel Galpy-Massé
*Cet article a été publié dans le magazine numérique Vol. 45 No. 2 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!