De Zihuatanejo à La Cruz – Saison 2021
Ce fut toute une fin de saison 2021 pour Paradigme 2.0. Après le bris du passe-coque d’entrée d’eau de la toilette, la transmission sail-drive s’est mise à perdre de l’huile et à laisser entrer de l’eau de mer. Pour compliquer le tout, j’avais rendez-vous avec des équipiers à La Paz à la fin avril. Un horaire est toujours une mauvaise chose sur un voilier. En partant de Zihuatanejo, il faut compter 800 milles nautiques environ pour rejoindre La Paz, le tout contre le vent dominant. Il fallait réparer la transmission au plus vite, la Marina Ixtapa qui normalement aurait pu m’aider à sortir le bateau de l’eau était inaccessible à cause de l’échouage d’un super yacht dans le canal d’entrée. Le capitaine du port d’Ixtapa ne garantissait que six pieds de profondeur à marée basse. Il faut toujours compter avec des vagues brisantes dans ce canal étroit, ce qui rend son passage périlleux dans les meilleures circonstances. Restait Acapulco à 120 milles nautiques au sud et La Cruz à 380 milles nautiques au nord, route qu’il fallait compléter sans moteur idéalement pour éviter d’aggraver les troubles de la transmission.
Bien que La Cruz soit plus éloignée, j’ai choisi de m’y rendre afin de profiter de meilleurs vents apparents. Ce choix permettait aussi d’écourter le voyage total de 240 milles nautiques. Les conditions sur la côte Ouest mexicaine sont généralement très légères, il est donc plus facile d’obtenir des conditions de voile adéquates en allant contre le vent, ce qui est contraire à la norme de la côte Est. Les vents se sont avérés favorables de Zihua à La Cruz, ce qui a permis à Paradigme 2.0 de compléter le trajet en quatre jours et demi, une durée correspondant au temps minimum pour ce trajet compte tenu des conditions possibles.
Le seul incident en cours de route fut le bris d’un étai intermédiaire du côté tribord du mât. La Cruz est un centre spécialisé d’accastillage, où pouvaient se trouver en stock les pièces de remplacement requises pour remplacer mon étai. Le service de sortie de l’eau y était par contre à 800 $ américains avec une seule journée en cale sèche. Après quelques appels, j’ai pris rendez-vous avec la Marina de San Blas, qui offrait le même service pour 300 $. Avec en main les joints d’étanchéité requis pour réparer le sail-drive, Paradigme 2.0 prit le chemin de San Blas. La carte de la région spécifie de ne pas se fier sur les marqueurs du canal d’entrée. La Marina Fonatur, qui fournit les services aux plaisanciers, a eu la gentillesse de m’envoyer une panga avec un capitaine local expérimenté pour me guider lors du passage du récif qui garde l’entrée de ce port naturel.
De façon surprenante, toutes ces réparations furent complétées sans incident. Le bris des joints d’étanchéité était dû à un coquillage qui avait décidé de se loger sur une bague d’espacement trop proche du joint d’étanchéité. Une malchance… Le bon côté du sail-drive est certainement sa facilité de réparation. Quelques outils de base, des pièces neuves et le tour est joué.
Tout ceci pour finalement arriver à La Paz dans les délais convenus. Après un réapprovisionnement et quelques jours de pause, j’étais en route vers Loreto. Un trajet La Paz-Loreto compte certainement parmi les plus beaux voyages de croisière qu’il est possible de compléter. De la vraie grande nature et des paysages arides à couper le souffle. La météo y est relativement clémente, il y a peu ou pas de difficultés de navigation sur la route.
San Evaristo est un petit village de pêcheurs avec un resto, une connexion internet et une épicerie. Une baie profonde et protégée en fait un ancrage incontournable. Les îles Espiritu Santu et San Francisquito offrent des paysages incroyables et une vie marine abondante. Plus au nord, les ancrages d’El Gato et d’Aquaverde valent aussi le détour, avant d’entrer dans la région de Loreto qui offre une facilité de navigation et de multiples possibilités d’ancrage dans les îles Danzante, Coronado et Carmen.
Ma vieille Maggy est morte dans ce voyage et j’ai dû l’enterrer à l’ancrage d’El Gato. Elle avait parcouru environ 20 000 milles nautiques, dont 900 dans les deux derniers mois de sa vie, elle a couru d’innombrables kilomètres dans les sentiers du Québec, de l’Ontario, de la Californie et de New York. Elle a vu les îles Turques-et-Caïques ainsi que les Bahamas. Toute une vie pour un chien de la SPCA.
Paradigme 2.0 est sorti de l’eau le 25 mai. Je vais revenir passer l’été au Québec à l’École de voile Sansoucy. J’espère vous y voir pour partager avec vous de bons moments de voile!
Par Nicolas Authier
*Cet article a été publié dans le Vol. 44 No. 2 de Québec Yachting. Pour vous abonner, visitez le www.quebecyachting.ca/abonnement-numerique. C’est gratuit!