L’habitat des mammifères marins, une richesse à préserver et à respecter
Chaque année, plusieurs espèces de mammifères marins parcourent des milliers de kilomètres pour atteindre le Saint-Laurent et le fjord du Saguenay. La plupart d’entre elles dépendent des eaux riches qui s’y trouvent et y restent de mai à septembre pour s’alimenter, se reposer et donner naissance à leurs petits.
C’est pourquoi à chacune de vos sorties en mer, il est important de garder à l’esprit que vous êtes dans l’habitat des mammifères marins : dans leur cuisine, dans leur chambre à coucher et même dans leur salle d’accouchement.
La seule présence de votre embarcation peut provoquer du dérangement, c’est-à-dire modifier les comportements normaux des mammifères marins : ils peuvent cesser de s’alimenter, de se reposer, de prendre soin de leurs petits ou encore modifier leur rythme de remontée à la surface pour respirer. Lorsqu’une baleine interagit avec une embarcation, elle interrompt ses activités vitales et l’accumulation de tous ces dérangements peut avoir un impact sur sa santé, sa reproduction et sa survie.
Alors, comment cohabiter avec les mammifères marins?
En tant que plaisanciers, adopter de bonnes pratiques de navigation dès qu’une baleine est en vue est un moyen efficace de contribuer à leur protection.
Les mammifères marins ont besoin d’espace et de tranquillité. En leur présence, que vous soyez en bateau ou en embarcation à propulsion humaine, maintenez un cap et éloignez-vous. S’ils s’approchent de votre embarcation, continuez de vous éloigner et évitez les changements de direction à répétition.
Pour les embarcations à hélices, un moyen de minimiser les risques de collisions est de travailler à deux : une personne aux commandes et la seconde, à l’arrière de l’embarcation pour surveiller les alentours du moteur. Si aucun mammifère marin n’est proche, le surveillant peut en aviser le pilote et celui-ci peut alors démarrer doucement les moteurs et accélérer progressivement jusqu’à une vitesse de 5 à 10 nœuds afin de s’éloigner.
Gardez vos distances, c’est la loi!
Saviez-vous qu’il est obligatoire de respecter des distances d’approche entre votre embarcation et les mammifères marins?
Le Règlement sur les mammifères marins s’applique à tous les types d’embarcations, autant les bateaux à moteur que les kayaks et les planches à pagaie, de même qu’à toutes les activités nautiques.
Dans l’estuaire du Saint-Laurent, une distance de 400 mètres doit être respectée en présence de mammifères marins en voie de disparition ou menacés en vertu de la Loi sur les espèces en péril comme le béluga, la baleine noire et le rorqual bleu. Il est d’ailleurs interdit en tout temps de mettre son embarcation sur leur chemin afin qu’ils passent à moins de 400 mètres et d’utiliser l’action du vent, des vagues ou du courant pour s’en approcher. Pour tous les autres types de baleines, dauphins et marsouins, la distance à respecter est de 200 mètres.
Besoin d’aide pour évaluer la distance?
Une distance de 400 mètres est l’équivalent de 4 terrains de football ou 30 autobus scolaires.
Il n’est pas facile d’évaluer les distances sur l’eau. Si, par exemple, vous êtes en mer et vous voyez bien les bélugas, vous vous trouvez probablement à moins de 400 mètres. Lorsqu’un béluga se situe à plus de 400 mètres, vous verrez un dos blanc apparaissant par intermittence à la surface de l’eau et vous le prendrez peut-être même pour une vague.
Pour ceux qui naviguent avec un radar, il est également possible d’évaluer la distance en regardant des éléments sur le rivage ou en mer comme des bouées.
Un règlement et une loi à connaître
En plus des distances à respecter, le Règlement sur les mammifères marins en vertu de la Loi sur les pêches stipule que partout au Canada, il est interdit de blesser, perturber ou déranger un mammifère marin, c’est-à-dire :
- de le nourrir, de nager, de le toucher ou d’interagir avec lui;
- de l’étiqueter ou de le marquer;
- de le déplacer, de l’attirer ailleurs ou encore de provoquer son déplacement;
- de le séparer des membres de son groupe ou de passer entre un mammifère marin et son petit;
- de placer un bateau de façon à le coincer ou à coincer le groupe dans lequel il se trouve entre un bateau et la côte ou entre plusieurs bateaux.
Dérangement par le bruit
Dans l’eau, à partir d’une certaine profondeur, c’est l’obscurité totale, le jour comme la nuit. C’est pourquoi les mammifères marins utilisent l’écholocalisation afin de percevoir leur environnement et de chasser. Ils ont aussi développé leur ouïe de façon exceptionnelle pour communiquer entre eux. Cette communication par les sons joue également un rôle important dans le maintien des liens sociaux, particulièrement entre les mères et leurs petits.
Vous souhaitez en savoir encore plus?
La formation en ligne « Naviguer dans l’habitat des baleines » vous permettra d’acquérir des connaissances sur les mammifères marins et les règlements en vigueur pour les protéger. Cette formation, gratuite et ludique, a été développée par le ROMM en partenariat avec le GREMM, Parcs Canada, et Pêches et Océans Canada et rendue possible entre autres grâce à l’appui financier du Programme d’intendance de l’habitat (PIH) pour les espèces en péril de Pêches et Océans Canada.
Signaler, pour mieux protéger
Dans les dernières années, des signalements du public à propos d’infractions commises au Règlement sur les mammifères marins, suivis d’enquêtes de Pêches et Océans Canada, se sont conclus par des condamnations. Le non-respect du règlement peut entraîner d’onéreux constats d’infraction.
Si vous êtes témoin d’activités ou de comportements qui contreviennent à la loi, communiquez avec Braconnage-Alerte au 1-800-463-9057.
Par Pêches et Océans Canada
*Cet article a été publié dans le Vol. 46 No. 2 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!
Mise à jour effectuée le 6 février 2024.