Québec Yachting

L’équipage canadien Atlas Ocean Racing remporte la 10e édition de la Transat Québec — Saint-Malo (TQSM) dans la classe Gerry Roufs

Crédit photo : Richard Mardens.

L’Équipe de voile Atlas (Atlas Ocean Racing), dont le skipper était Gilles Barbot, a franchi le fil d’arrivée en premier dans la classe Gerry Roufs au port de Saint-Malo à bord du Il Mostro avec son équipage canadien, après une traversée de 2845 milles nautiques théorique de 14 jours, 18 heures, 13 minutes et 50 secondes à une vitesse moyenne de 8,03 nœuds. Il a en réalité parcouru 3294,62 milles sur le fond, à la vitesse moyenne de 9,30 nœuds. Quatre voiliers compétitionnaient dans cette catégorie qui réunissait des bateaux de 50 à 70 pieds et 23 étaient dans la Class40, pour un total de 27 bateaux qui ont franchi la ligne de départ le 30 juin dernier à Québec sur le fleuve Saint-Laurent. Parmi ce nombre, quatre ont dû abandonner la course pour des bris divers, dont Acrobatica d’Alberto Riva, Jean Marre et Tomaso Stella qui a fait naufrage en moins de deux minutes le 9 juillet à la suite d’une collision avec le tanker libérien Silver Ray à 300 milles des Açores.

Crédit photo : Transat Québec — Saint-Malo.

« Le projet de notre Équipe de voile Atlas est de rassembler des amateurs déterminés à vivre pleinement, en équipe, des grands projets de courses offshore. Inspirés par d’autres marins québécois tels que Éric Tabardel (Bleu voile océanique) et Georges Leblanc, participer à la Transat Québec — Saint-Malo était un de nos grands rêves.

La moitié de l’équipage avait commencé sa préparation pour la TQSM il y a sept ans (notamment pour l’édition de 2020 qui a été annulée en raison de la COVID-19), mais le rêve a survécu et l’équipe a continué son développement pendant toutes ces années. Nous avons vraiment vécu une très forte dynamique d’équipe dans l’ensemble du projet (depuis le début des entraînements tous ensemble à partir de l’été 2023) jusqu’au passage de la ligne d’arrivée à Saint-Malo. Tous les efforts de chacun et de nos familles ont mené à un moment mémorable lors du passage de la ligne d’arrivée à Saint-Malo.

Crédit photo : Transat Québec — Saint-Malo.

Nous avons un fort sentiment d’accomplissement avec les réalisations suivantes, malgré les restrictions de notre classe (milles nautiques supplémentaires à réaliser) et les multiples enjeux à traiter lors de la course, dont une voie d’eau dans la coque et un problème de moteur :

– Gagnant de la classe Gerry Roufs.

– Premier bateau à passer (toutes les classes) la bouée à Rivière-au-Renard.

– Premier bateau (toutes les classes) à atteindre Saint-Malo.

– Grande première pour une équipe 100 % canadienne.

Nous regardons maintenant vers 2025-2026, car ce passage de la ligne d’arrivée à Saint-Malo lors de la TQSM est aussi une nouvelle ligne de départ pour les autres projets futurs de l’équipe. Nous sommes maintenant à compléter les équipages avec qui nous relèverons les prochains défis océaniques, en équipe. » — Équipe de voile Atlas (Atlas Ocean Racing)

 

Dans la Class40, c’est le voilier Amarris dirigé par Achille Nebout, Gildas Mahé et Alan Roberts qui a franchi en vainqueur la ligne d’arrivée après 14 jours, 19 heures, 6 minutes et 59 secondes, à la vitesse moyenne de 8,01 nœuds. Il a en réalité parcouru 3 493,91 milles sur le fond, à la vitesse moyenne de 9,84 nœuds.

 

Amarris dirigé par Achille Nebout. Crédit photo : Transat Québec — Saint-Malo.

« Je dédie cette grande victoire à ma fille, Jalla, née avant la course. C’est en effet une grande victoire, une immense satisfaction pour tout l’équipage. On s’est battus, dans l’adversité, face à une concurrence féroce, souvent à vue, bord à bord. C’est un peu miraculeux, car nous perdons notre safran tribord à 850 milles de l’arrivée. Nous avons un moment pensé nous arrêter, et peut-être abandonner. Avant Ouessant, nous avons pu profiter d’un long bord sur le bon côté, et en restant au sud de la flotte, avons bénéficié d’un excellent angle de vent qui nous a permis de revenir sur Legallais et le passer au moment où il butait dans la molle. Mais après Ouessant, au près, et dans le vent qui forcissait, nous avons navigué avec le safran sur le mauvais bord, et à notre grand étonnement, ça a marché. On a donc terminé ainsi, sans changer le safran de bord.  C’est aussi dû à la qualité de mes équipiers, Gildas (Mahé) et Alan (Roberts). On s’est parfaitement entendus, et la cohésion et la complémentarité ont joué à plein. C’est la première fois que je remporte une course aussi mythique que la Québec — Saint-Malo. C’est une course folle, intense, avec d’incessants rebondissements. Ce fut une très longue édition, avec énormément de transitions et de variations météo. L’expérience humaine est fantastique. » — Achille Nebout, Amarris

Georges Leblanc. Crédit photo : Équipe de Voile Georges Leblanc.

Le skipper québécois de 72 ans Georges Leblanc a traversé l’Atlantique pour la sixième fois, dans le cadre de la Transat Québec — Saint-Malo, sur le Volvo 60 El Unicornio dont le partenaire principal était Majorica. Son équipage a franchi la ligne d’arrivée après 17 jours, 1 heure et 30 minutes de navigation dans la classe Gerry Roufs. Malheureusement, celui-ci a été disqualifié puisqu’il a démarré son moteur à 20 milles nautiques de Saint-Malo pour une raison de sécurité en raison du manque de vent.

Devant le phare de Grand Jardin en France. De gauche à droite : Sébastien Dubé à la barre, Georges Leblanc et Benjamin Campinen. Crédit photo : Équipe de Voile Georges Leblanc.

La météo a été capricieuse avec beaucoup de moments de calmes plats, deux dépressions, des problèmes d’énergie, des bris dans le gréement, parfois des vents soufflant à plus de 45 nœuds qui ont obligé l’équipage à prendre la sage décision de préserver le gréement du voilier et d’ainsi pénaliser la performance. Malgré toutes ces difficultés, cette manière de penser a permis d’amener à bon port l’équipage satisfait et en bonne santé. Ses équipiers ont vécu de nombreuses expériences, appris à connaître les humeurs de l’océan et ils ont su vivre cette traversée océanique en harmonie et dans la bonne entente. Tous sont contents d’avoir touché terre et retrouvé la civilisation.

De gauche à droite : Louis-Philippe Blanchette, Marc Leblanc, Sébastien Dubé et Benjamin Campin. Crédit photo : Équipe de Voile Georges Leblanc.

« Nous avons vécu des expériences dont nous allons nous souvenir toute notre vie. » — Georges Leblanc

M. Leblanc a traversé l’Atlantique 45 fois au cours de sa carrière et celle-ci sera la dernière. Son impressionnant C.V. marin compte un total de 348 000 milles nautiques (645 000 kilomètres)! Toutes ses traversées ont été différentes et il pense qu’il faut savoir choisir le bon moment pour s’arrêter.


La trajectoire entre Québec et Saint-Malo compte en théorie 2 845 milles, mais c’est plutôt une moyenne de plus de 3 500 milles que les participants auront parcourus.


Par Joani Hotte-Jean

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Automne 2024 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!