SWIFT TRAWLER 34
Ses aînés ont tracé le chemin. Il était donc dans la nature des choses qu’un petit dernier vienne compléter la gamme. Digne successeur des ST 42 et ST 52, le ST 34 ambitionne de faire aussi bien qu’eux en beaucoup moins cher et en presque aussi serviable. Évidemment, en lui rabotant huit pieds de longueur, on pouvait s’attendre à voir le programme de base maigrir lui aussi et se rapprocher plutôt des gros cabin-cruisers. Pas du tout, ce nouveau trawler est simplement plus condensé, ce qui lui donne une silhouette assez ramassée, mais il conserve en les adoptant les solides principes de la série : confort simple mais pointilleux dans le détail, construction robuste, sensations de glisse intacte grâce à la carène semi-planante.
L’avantage de trouver un héritage dans la corbeille, c’est que même en plus petit, le dernier des ST Bénéteau valorise l’acquis des anciens. Fait pour la vie en mer, disposant d’une grande autonomie, il est parfaitement capable d’atteindre les 22 nœuds, propulsé par un unique moteur de 425 ch Cummins). Il est un peu moins tranchant dans la vague, surtout à vitesse moyenne, défaut qui disparaît dès que la carène déjauge, mais offre un rayon de braquage surprenant. Au port, son propulseur d’étrave de série remplit son office, autorisant des évolutions que l’important fardage dû à la hauteur des structures pourrait contrarier. C’est aussi au port qu’on apprécie l’incroyable avantage que procure le mât de charge, peu commun sur des unités modestes. Avec ce bras de cyclope, doté de deux winches avec taquet et bloqueur, on se joue de toutes les contraintes. Embarquer avitaillement, vélos, glacière de plage et, bien entendu, l’annexe motorisée est enfantin. De ses prédécesseurs, le ST 34 a également conservé la coupée sur tribord et le grand flybridge dominateur.
Circuler en toute sécurité
Sur le pont, les passavants sont moins étroits qu’on ne pourrait le craindre et la circulation se fait en toute sécurité de l’avant à l’arrière, où l’on trouve le pont de jour, sa banquette de pêche et même une couchette double repliable. L’espace, protégé par le tillac supérieur, prend toute la largeur de la coque sur environ 5 m2. De là, on accède à la timonerie extérieure par une échelle inclinée dotée de rassurantes mains courantes. L’accès au carré se fait par une immense porte coulissante translucide. La passerelle amovible se loge au-dessus de la plate-forme de bain, près d’un grand coffre de rangement. C’est à cet endroit également que se trouve le nable permettant d’accéder à la fixation de la barre de secours, très facile à installer. Sur la plage avant, le bain de soleil (1,90 m sur 1,50 m) est merveilleusement isolé des regards, y compris depuis le flybridge, et il n’y a guère qu’au moment des manœuvres de mouillage au guindeau (vertical et électrique, malheureusement en option) qu’on risque d’être dérangé.
Une fois dans le carré, cerné par les fenêtres encadrées de boiseries vernies, on est d’abord surpris des inventions du bureau d’étude. Le choix de l’aménagement asymétrique permet d’utiliser le volume au mieux : les canapés sont sur tribord, la cuisine aussi, tournée vers l’étrave. Les deux feux de cuisson sont protégés en mer par un plateau en plexi qui peut recevoir plats ou vaisselle. Merci à l’architecte d’intérieur. Ce sont des « petits riens » de ce style qui rendent la vie facile… Les abat-jour d’éclairage fixes, en inox, donnent l’impression de rentrer à la maison tandis que toutes les parois sont mises à profit pour dissimuler un nombre invraisemblable de placards montés sur charnières invisibles. Bluffant.
À faire pâlir l’équipementier de Bentley
C’est naturellement vers la timonerie que se tourne le premier regard. Aussi belle et pragmatique que celle du ST 42, elle rassemble toutes les fonctions vitales du bord. Le pilote est très confortablement installé sur une large banquette à la sellerie de cuir impeccable d’où il peut accéder directement au pont s’il doit manœuvrer lui-même, au port par exemple. Détail pertinent : le plancher amovible, à quelques centimètres du sol sous les pieds du barreur, protège le sol devant la porte coulissante, là où le passage est incessant. Le cale-pied est parfaitement positionné et rien n’obstrue la vue, pas même la pluie : les essuie-glaces feraient pâlir l’équipementier de Bentley…
Comme sur les vedettes de croisière, l’accès au poste avant, où un soin particulier a été donné à l’isolation phonique, se fait par une coursive boisée donnant sur une première cabine destinée aux invités. Deux lits superposés bien dimensionnés et une tablette sont éclairés et ventilés par un hublot ouvrant. En face, la salle d’eau-WC, également ventilée par un hublot rond ouvrant, montre un luxe de rangements intelligemment placés. Mais c’est en pénétrant dans la cabine propriétaire qu’on admire les efforts développés par le bureau d’étude pour rendre ce volume aussi confortable que pratique. Trois hublots, deux liseuses et les spots encastrés distribuent l’éclairage sur un lit de 1,99 m sur 1,60 m, accessible aussi par les côtés. Une grande et vraie penderie vient s’ajouter aux tiroirs, un pose-bagage, comme dans les hôtels, sert aussi de banquette pour le visiteur du soir, un dernier tiroir profond se loge sous le sommier et l’ensemble cajole l’œil de ses menuiseries aux couleurs d’érable. Un vrai bateau à bien vivre.
FICHE TECHNIQUE
Longueur (hors tout) : 11,14 m / 36 pi 7 po
Largeur : 4 m / 13 pi 1 po
Motorisation : 1 x 425 ch
Poids : 7 471 kg / 16 470 lb
Réservoir de carburant : 800 litres / 211 gal US
Réservoir d’eau : 322 litres / 85 gal US
Architecte naval : Beneteau Power
Intérieur : B. Joubert & B. Nivelt
Thierry Montoriol
* Texte provenant de la parution Essais 2011 du magazine Québec Yachting.