Les niveaux d’eau en 2017
Au moment d’écrire ces lignes, le Québec vit l’un de ses pires printemps depuis plusieurs années en termes de niveaux d’eau et d’inondations. Toutes mes pensées sont avec les riverains éprouvés et ceux qui ne pensaient pas être dans la plaine de débordement du cours d’eau de leur région. Vos projets d’été seront probablement reportés d’une année pour réparer et sécuriser vos terrains et vos maisons. Je vous souhaite un retour à la vie normale le plus rapidement et avec un minimum de tracas et d’aléas.
Habituellement, de hauts niveaux d’eau sans débordement sont de bonnes nouvelles pour les navigateurs commerciaux et de plaisance. Les premiers peuvent transporter plus de cargaison entre chaque destination et favoriser les échanges commerciaux. Pour les seconds, cela signifie qu’on peut naviguer sur de nouveaux territoires tout en expérimentant ses habiletés en navigation.
Lorsque les niveaux d’eau deviennent, comme ce printemps, plus hauts que la normale, soit en période de crues printanières ou de grandes marées, il y a des inconvénients immédiats et d’autres que nous découvrirons au cours de l’année et même pendant plusieurs années.
Les navigateurs commerciaux devront peut-être limiter leur chargement et leur vitesse afin d’éviter les inconvénients du batillage sur les propriétés riveraines déjà fragilisées. Quant aux bateaux de croisières, certaines destinations pourraient ne plus être atteignables momentanément (par ex. Montréal) parce que le dégagement vertical des obstacles aériens devient insuffisant pour la sécurité des navires et pour l’intégrité même de certaines infrastructures lors du croisement de ceux-ci. Ces navigateurs doivent se référer aux Services de communications et de trafic maritimes (SCTM) de la Garde côtière canadienne pour obtenir le droit de naviguer en suivant les restrictions de circonstance. Pour en savoir plus sur ces services, je vous invite à consulter le site suivant : http://www.ccg-gcc.gc.ca/Communications-Marines/Accueil La même mise en garde s’applique pour les plaisanciers dans les chenaux secondaires lors de coups d’eau ou d’ondes de tempête concernant les dégagements verticaux.
Les navigateurs de plaisance qui pensent ne pas être affectés par les niveaux d’eau exceptionnellement hauts ce printemps devront redoubler de vigilance cet été. L’eau est 800 fois plus dense que l’air et, de ce fait, une légère augmentation de la vitesse du courant signifie une augmentation importante du pouvoir érosif du fond marin et du transport d’objets volumineux. Selon la loi de Murphy, « Tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal ». Il faut donc s’attendre à retrouver dans plusieurs chenaux de navigation des objets volumineux déplacés par les forts courants du printemps. De plus, des chenaux auront disparu, se seront déplacés et même seront créés.
Il faudra du temps pour que le fond marin reprenne sa forme habituelle. Si on ne peut attendre quelques mois ni quelques années pour que certains de ces inconvénients disparaissent, le dragage pourrait devenir la solution. Mais encore là, le dragage n’est pas une panacée parce que l’équipement de dragage est limité et qu’un dragage inapproprié pourrait aggraver une situation qu’on voulait corriger. Il faudra faire la balance entre la sécurité et le rapport coût/bénéfice.
Cela dit, votre contribution sera importante cet été quand vous naviguerez afin de garder à son plus haut niveau la sécurité sur les plans d’eau dans l’est du Canada. Veuillez communiquer avec la Garde côtière canadienne (www.ccg-gcc.gc.ca) ou le Service hydrographique du Canada (www.cartes.gc.ca) toute différence (aide à la navigation, obstacle, etc.) avec les cartes marines. Consultez les Avis à la navigation et inscrivez-vous aux Avis aux navigateurs. Vous serez informé d’une modification à une aide à la navigation ou à un obstacle sur le plan d’eau avant de le rencontrer; pas après!
Je vous convie à visiter le site Internet des marées du Service hydrographique du Canada (www.marees.gc.ca) ou à téléphoner au 877 775-0790 pour obtenir les dernières observations sur les niveaux d’eau pour que vos sorties sur l’eau soient toujours des plus sécuritaires.
Bernard Labrecque
Président
Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec
bernard.labrecque@globetrotter.net
*Cet article a été publié dans le magazine Été 2017 de Québec Yachting.