Alex Thomson et son IMOCA Hugo Boss étaient de passage au Québec
*Crédit des photos : Joani Hotte-Jean.
Le skipper britannique Alex Thomson et son IMOCA de 60 pieds Hugo Boss ont fait escale à Québec, puis dans le Vieux-Port de Montréal du 2 au 4 juin 2018 dans le cadre d’une tournée en Amérique du Nord. Ils se sont aussi arrêtés à Toronto à la mi-juin, puis ils seront à Boston du 1er au 3 juillet ainsi qu’à New York du 10 au 15 juillet.
Alex Thomson est l’un des marins les plus talentueux au monde, il s’agissait donc d’une visite très rare et exceptionnelle! Québec Yachting se sent privilégié d’avoir eu la chance de rencontrer pendant près d’une heure cet homme humble, généreux, intéressant… et surtout passionné qui se prépare à participer à la Route du Rhum qui débutera le 4 novembre.
Tout au long de sa carrière, il a battu des records! À 25 ans, il a été le plus jeune skipper à remporter la course autour du monde Clipper Race en 1998-1999. Plus récemment, il a battu un record de distance parcourue en 24 heures, le 16 janvier 2017 lors du Vendée Globe, en naviguant 862 kilomètres (536.8 milles), puis il a terminé en deuxième position de cette course après 74 jours, 19 heures et 35 minutes sur l’eau, soit seulement 16 heures plus tard que le gagnant Armel le Cléac’h. Ce n’est que partie remise puisqu’Alex Thomson aimerait bien devenir le premier britannique à remporter le Vendée Globe en 2021! Pour l’aider à y parvenir, Alex Thomson Racing a annoncé le 27 juin 2018 que son nouvel IMOCA, le sixième Hugo Boss, qui sera encore plus performant et rapide, sera construit par Carrington Boats. Le cabinet d’architecture navale français VPLP s’occupera à nouveau du design de ce projet qui demande un investissement de plusieurs millions de livres. La phase de conception est déjà commencée et la construction devrait débuter bientôt à Hythe, situé dans le Hampshire au sud de l’Angleterre. Il est prévu que le bateau soit présenté officiellement au public en 2019! C’est à suivre!
« Il y a beaucoup de choses à prendre en compte lors de la conception et de la construction d’un bateau de course IMOCA. Le poids est un facteur important, mais la fiabilité aussi. La vitesse est bien sûr d’une importance primordiale mais, d’un autre côté, le bateau ne peut pas aller au-delà des capacités du skipper, donc la facilité d’utilisation est également cruciale. Ce processus est donc axé sur l’équilibre et veille à ce que tous ces facteurs soient constamment pris en compte et évalués. Si nous le faisons avec succès, je crois fermement que nous allons livrer le meilleur bateau de la flotte. » – Ross Daniel, directeur technique chez Alex Thomson Racing
Alex Thomson aime mieux naviguer en solitaire plutôt qu’en équipage puisqu’il a de la difficulté avec le principe des quarts : trois heures de travail / trois heures de repos. Aussi, en équipage, la plupart des équipiers veulent seulement occuper un poste plutôt que de faire un peu de tout. De son côté, il se voit comme un touche-à-tout plutôt qu’une personne ayant une spécialité particulière sur le bateau. Il ne se considère pas comme le meilleur des navigateurs, ni le meilleur des barreurs et pas le meilleur à la voile, mais il sait se débrouiller!
Qu’est-ce qui occupe Alex Thomson lorsqu’il ne navigue pas? Il participe à des événements, il accorde des entrevues, il présente des conférences, des séminaires et discute avec des groupes de jeunes, visite des élèves dans les écoles, rencontre des gens dans différentes écoles de voile et participe à des activités caritatives. Il est également ambassadeur d’Oarsome Chance au Royaume-Uni.
Pour en savoir davantage au sujet d’Alex Thomson, visitez le www.alexthomsonracing.com.
Crédit des photos : Alex Thomson Racing.
Deux questions à Alex Thomson
QY : Participer à une compétition comme le Vendée Globe demande d’être en bonne forme physique, mais aussi mentale! Pouvez-vous nous donner plus détails?
AT: « Cette course est à la fois un défi physique et psychologique. Je travaille avec Ken Way, un psychologue sportif qui m’aide à mettre certaines choses en perspective.
Honnêtement, ma famille me manque surtout en mer. Nous avons des systèmes satellites à bord qui me permettent de communiquer avec ma famille et mon équipe, mais il y a souvent des périodes assez longues où je ne peux pas parler à personne, donc elles ne peuvent pas savoir comment je vais et quelles sont les conditions à bord.
C’est incroyablement exigeant, à la fois physiquement et mentalement. Au cours de la course, je vais perdre environ 6 à 8 kilogrammes (13 à 17 livres) et certains jours, je brûlerai jusqu’à 7 000 calories par jour, surtout en naviguant sur l’océan Austral. Le poids moyen d’une voile sur le bateau est de 80 kilogrammes (176 livres) et le déplacement des voiles demande beaucoup d’efforts physiques, donc je dois m’entraîner intensément avant le Vendée Globe.
L’aspect le plus difficile de la navigation hauturière est la privation de sommeil, je dors de 20 à 40 minutes à la fois et il faut beaucoup de temps pour récupérer et retrouver un sommeil normal une fois sur la terre ferme. »
QY : En entrevue, vous avez mentionné que ce n’est pas le succès ou le fait d’avoir terminé en deuxième position du Vendée Globe qui vous rendait heureux. Qu’est-ce qui vous rend heureux?
AT : « Je suis très chanceux de faire ce que j’aime dans la vie. J’aime ce sport. J’aime l’aventure. Mais bien sûr, ce qui me rend aussi heureux, c’est ma famille : mes enfants et ma femme. »
*L’IMOCA Hugo Boss en navigation. Crédit des photos : Alex Thomson Racing.
Spécifications du cinquième Hugo Boss
Première mise à l’eau : 25 septembre 2015
Longueur : 18,23 m | 59 pi 10 po
Tirant d’eau : 4,5 m | 14 pi 9 po
Hauteur du mât : 29 m | 95 pi 2 po
Poids : 7,5 tonnes (5 % plus léger que le quatrième Hugo Boss)
Superficie des voiles : 633 m2 | 6 813 pi2
Coût total : 4,5 millions d’euros | Environ 6 988 113 $ CAN
Vitesse maximale : 35 nœuds | 66 km/h
Architecte : VPLP / Verdier
Designer : Konstantin Grcic
Temps de construction : 40 000 heures (30 personnes ont travaillé sur ce projet)
Fait cocasse : Habituellement, les skippers font leurs besoins dans un sceau avec un sac biodégradable. Par contre, dans les mers du sud, avec le vent, le bateau peut tanguer au point que son contenu se déverse partout! Ce qui est problématique et fâchant puisque cela leur prend une dizaine de minutes pour se dévêtir afin d’utiliser le sceau. Alex Thomson a donc demandé à des ingénieurs de créer un sceau qui ne se déverse pas… même à un angle de 75 degrés! Cela lui a été bien utile jusqu’à maintenant!
Le partenariat d’Hugo Boss avec Alex Thomson
Hugo Boss est le partenaire d’Alex Thomson depuis 2003. Depuis ce temps, il est devenu l’un des partenariats les plus réussis et durables dans le milieu de la voile sportive. Ils ont réalisé des projets passionnants, tels que Keelwalk, Mastwalk et Skywalk. Comme la voile réunit le dynamisme, la précision et la perfection, cela correspond aux valeurs d’Hugo Boss. Cette compagnie permet à Alex Thomson et à son équipe de bénéficier de vêtements hautement performants qu’ils peuvent utiliser dans tous les types de conditions ainsi que des vêtements de haute couture afin d’assister à une variété d’événements.
Les moments importants de la carrière d’Alex Thomson
- 1999 : Il devient le plus jeune skipper à gagner une course autour du monde (Clipper Race 1998-1999).
- 2000 : Il termine le premier à la Round Britain and Ireland Race, il brise le record précédant de 10 jours.
- 2007 : Il fracasse sont propre record de distance en 24 heures avec son monocoque de 60 pieds (501.3 milles nautiques, avec une vitesse moyenne de 20.9 nœuds).
- 2012 : Il définit un record pour une traversée transatlantique en solitaire.
- 2013 : Il bat un record britannique de navigation à voile en solitaire, sans assistance lors d’un tour du monde sur un IMOCA 60, il termine la course en 80 jours, 19 heures, 23 minutes (termine à la troisième place).
- 2016 : Il termine la New York Vendée transat Race en troisième place.
- 2017 : Il définit un nouveau record de distance en 24 heures et en solitaire avec son monocoque de 60 pieds (536.8 milles nautiques).
- 2017 : Il termine en deuxième position du Vendée Globe, il fracasse son propre record britannique et confirme sa position comme étant le britannique le plus rapide à naviguer en solitaire et sans escale autour du globe dans un monocoque (il termine la course en 74 jours, 19 heures, 35 minutes, seulement 16 heures après le vainqueur de la course).
- 2020 : Son objectif est de devenir le premier britannique à remporter le Vendée Globe.
Par Joani Hotte-Jean