Naviguer sur la vie aquatique de manière durable
Dans le cadre du mois de l’eau, le Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU), situé à Laval, a présenté la conférence Naviguer sur la vie aquatique, par Denise Cloutier, le 12 juin 2019.
Les bateaux sur les lacs et cours d’eau du Québec sont de plus en plus nombreux et puissants, ce qui bouleverse la vie aquatique et la qualité de l’eau se détériore chaque année. Savez-vous qu’un million d’organismes se trouvent dans une goutte d’eau? Dans un lac, vous pouvez notamment trouver des Rotifères, Ciliés, Diptère-chaoborus, larves de libellules, crapet-soleil, etc.
Quels impacts engendre la navigation de plaisance?
– Augmente la turbidité et la température de l’eau.
– Propage les espèces envahissantes par bouturage comme le myriophylle à épi.
– Perturbe la faune et la flore, dont la reproduction des poissons.
– Remet en suspension le phosphore favorisant le développement de cyanobactéries et les nutriments dans la colonne d’eau, et donc l’eutrophisation.
– Soulève et transporte les sédiments, ce qui augmente l’envasement des lacs.
– Contribue à l’érosion des berges.
Plus un lac est profond, moins il sera perturbé par la navigation de plaisance. En guise d’exemple, le lac des Deux-Montagnes s’étend sur une distance de 10 milles et sa profondeur varie de 4 à 7 pi (1,2 m à 2,1 m), ce qui est très peu. Pour obtenir la carte bathymétrique de votre lieu de navigation, communiquez avec le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques ou consultez l’Atlas des lacs des Laurentides.
Conclusions de trois études
Selon le Projet d’évaluation de l’impact des vagues créées par les bateaux de type wakeboat sur la rive des lacs Memphrémagog et Lovering par Sara Mercier-Blais et Yves Prairie, un impact considérable sur la rive a été constaté lorsqu’un passage est effectué à 328 pi (100 m) de la rive et que tous les passages à moins de 984 pi (300 m) ajoutent significativement de l’énergie aux vagues naturellement présentes.
Selon l’Étude sur la remise en suspension des sédiments : cas du lac Masson et du lac des Sables, par Sébastien Raymond, Ph.D. :
« Pour une navigation responsable et durable il est nécessaire de prévenir l’impact des bateaux sur l’érosion des berges, sur la remise en suspension des sédiments, et donc la mise en disponibilité du phosphore dans la colonne d’eau. Il faut donc préconiser une pratique des wakesurf et wakeboard (avec des bateaux de 350 ch) dans des zones de 1968 pi (600 m) de largeur et d’au moins 16 pi 4 po (5 m) de profondeur. Si une de ces conditions n’est pas respectée, il faut alors limiter/encadrer ces pratiques de navigation, car elles impactent l’environnement. Les autres pratiques de navigations de plaisance sont à surveiller également avec une vitesse ne dépassant pas 5 km/h (2,69 nd) dans les zones inférieures à 6 pi 6 po (2 m) de profondeur et 10 km/h (5,39 nd) dans les zones de 6 pi 6 po à 16 pi 4 po (2 à 5 m). »
Selon le Reports of wakeboat caused damage to Lakefront Proprety and shorelines in Michigan Increasing in Frequency, un conducteur de bateau wakeboat devrait :
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- Réduire sa vitesse à moins de 500 pi (152 m) de la rive.
- Ne pas remplir ses ballasts qui viennent augmenter la vague.
- Ne pas naviguer près de la rive, des plages, près des résidences riveraines ou des milieux humides.
- Éviter de tourner en rond ce qui augmente la hauteur et la fréquence de vagues.
- Éviter de naviguer en eau peu profonde ou près des rivages naturels.
Quels bons comportements pouvez-vous adopter avec votre embarcation?
Que vous ayez une chaloupe avec un moteur de 9.9 ch ou un bateau performant avec une motorisation de 625 ch, vous laissez une empreinte environnementale lorsque vous naviguez.
Un bon capitaine navigue avec… le bon bateau au bon endroit! C’est à dire à une vitesse maximale de 5 km/h (2,69 nd) à l’intérieur de 984 pi (300 m) des rives quand la profondeur est de moins de 16 pi 4 po (5 m).
Si vous souhaitez pratiquer des sports nautiques, il est préférable que vous naviguiez en eaux profondes, comme au milieu du lac ou d’un cours d’eau.
Naviguer n’est pas un droit, c’est un privilège et nous devons protéger l’intégrité de nos richesses naturelles pour les générations futures. Nos lacs et cours d’eau sont des milieux vivants et non des terrains de jeu.
Qui est Denise Cloutier?
Longtemps conseillère municipale, cela a mené Denise Cloutier à travailler sur la qualité de l’eau et la protection de cette ressource. Elle habite en bordure du lac Laurel dans les Laurentides et pratique la navigation de plaisance. Aujourd’hui, elle est directrice générale du C.I.EAU et présidente du Conseil des bassins versants des Mille-Îles (COBAMIL). Impliquée dans la cause de l’eau depuis de nombreuses années, Mme Cloutier fait également partie des conseils d’administration du Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ), de la Coalition pour une navigation responsable et durable et prend part en tant qu’experte auprès du comité d’experts de la Stratégie du Collaboratif Grands Lacs ̶ Saint-Laurent.
Qu’est-ce que le Centre d’interprétation de l’eau (C.I.EAU)?
Il s’agit d’un organisme à but non lucratif se trouvant à la station de production d’eau potable Sainte-Rose qui a ouvert ses portes en 2008. Sa mission? Promouvoir la protection et l’utilisation responsable de l’eau. Vous pouvez y visiter l’exposition permanente Le chemin de l’eau : de la rivière à la rivière afin de parcourir dix thématiques où vous suivrez le chemin de l’eau en milieu urbain. Pour en savoir davantage sur les activités à venir, visitez le www.cieau.qc.ca.
Par Joani Hotte-Jean