Retour sur le premier Café Femina qui a eu lieu le dimanche 7 mars 2021
Le dimanche 7 mars 2021 à 10h30, la veille de la Journée internationale des femmes, Coupe Femina a lancé son premier Café Femina virtuel sur Zoom. Sa mission? Regrouper les femmes autour d’une passion commune, la navigation. Les participantes ont pu entendre et échanger avec des femmes inspirantes.
C’est grâce à Michelle Cantin, Suzie Anglehart et Fabienne Elliott que ces rendez-vous sont organisés. Elles se sont données comme objectifs de :
- Regrouper les femmes adeptes de voile
- Offrir un lieu de discussion convivial
- Développer une communauté engagée par la création de liens forts
- Afficher les valeurs positives de la Coupe Femina : détermination, motivation, esprit d’équipe, respect et estime de soi tout en contribuant au financement de notre événement 100% féminin.
Le deuxième Café Femina aura lieu le dimanche 4 avril 2021 à 10h30.
Les invitées seront :
- Louise Allard, une retraite de navigation sur les mers du monde.
- Claire Roberge, un tour du monde sur Balthazar
- Gween Duval, navigatrice et instructeure, en direct de Brest
- Lizanne David, navigatrice, en direct du Panama
Cliquez ici pour acheter votre billet au prix de 12 $. Les profits seront versés à la Coupe Femina.
Voici les invitées du premier Café Femina
Celles-ci ont osé mettre les conditions gagnantes pour oser naviguer!
Denise Roose
Denise Roose a été équipière sur le Mascaret lors de la première Transat Québec-Saint-Malo en 1984. Elle a effectué un tour du monde à la voile de 1973 à 1982 et a participé à plusieurs régates sur le lac Saint-François et le réservoir Baskatong. En 2019, dans le cadre de la Coupe Femina, Mme Roose était à la barre du voilier Solinor qui a remporté les honneurs dans la classe Évolution.
Pourquoi elle s’est inscrite à la Transat Québec-Saint-Malo? C’est grâce à son mari qui a pensé que ce serait sans doute plus facile pour une femme que pour un homme d’obtenir du financement. Après plusieurs démarches, le premier équipage féminin et québécois s’était formé. Malheureusement, leur aventure s’est terminée lorsque le Mascaret a pris feu après que le système de pré chauffage soit resté coincé. Cela a été un moment marquant dans sa vie de navigatrice.
Quel a été son plus grand défi? Quand elle a effectué un tour du monde en voilier en 1973, la technologie d’aujourd’hui n’existait pas. Il fallait connaître la navigation céleste, savoir lire les cartes marines et utiliser le sextant pour savoir où on se trouvait et vers quel endroit on se dirigeait.
Quel est son plus beau souvenir de navigation? Aller vivre sur une île déserte pendant un an dans l’océan Indien, près des Maldives. Elle et son mari ont dû se rationner en nourriture dès le début de leur séjour. Ils devaient se rendre sur les îles avoisinantes pour aller chercher d’autres fruits, comme des bananes. Par la suite, ils les séchaient et mangeaient beaucoup de noix de coco. Cette expérience, bien qu’anxiogène a été formatrice. Elle a pris une dimension humaine invraisemblable et formait une formidable équipe avec son conjoint. Vous avez envie de tenter l’expérience? Les livres de Bernard Moitessier pourraient vous être utile.
Quel a été son moment le plus marquant? Regarder le ciel étoilé près de l’Australie.
Quel est son futur projet de navigation? Participer à la Coupe Femina en 2021!
Mélodie-Fée Drouin
Mélodie-Féé Drouin, enseignante de formation, est une convoyeuse professionnelle qui a parcouru jusqu’à maintenant plus de 50 000 milles nautiques. Il y a plusieurs années, elle a rencontré un homme, qui est devenu son copain, qui l’a formé comme matelot. Depuis ce temps, elle a enchaîné les convoyages, pris part à six transats et a notamment travaillé pour Tahiti Yacht Charter.
Naviguer à voile, c’est un petit réseau et elle a réussi à créer de nombreux contacts au fil de ses navigations. Aujourd’hui, les assureurs lui font confiance et reconnaissent son expérience, même si elle n’a pas son Yacht Master.
« Pour réussir à s’intégrer comme femme dans un équipage, il faut être prêt à faire quatre fois plus d’efforts qu’un homme. » Il faut aussi être prêt à toutes les éventualités et ne compter que sur soi-même.
Son entourage l’a encouragé à poursuivre son rêve : naviguer. Pour devenir marin, au début, il faut payer pour naviguer, puis à force de prendre de l’expérience, les gens du milieu nous reconnaissent et souhaitent naviguer avec nous.
Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation? Voir un météorite illuminer le ciel ainsi que voir des dauphins ou une baleine s’approcher du voilier. Il y a aussi les arrivées, après plusieurs jours de navigation, comme aux Marquises ainsi que découvrir les gens, les cultures et les îles. Quand il y a un moment de pétole, sans vent, et qu’elle a le temps de mettre l’ancre flottante et de sauter à l’eau pour se rafraîchir.
Quel est son moins beau souvenir de navigation? Elle devait emmener un catamaran en Nouvelle-Calédonie et le vent a soufflé entre 48 à 55 nœuds pendant quatre à cinq jours. Elle devait choisir l’orientation selon les vagues et les voiles avaient déchirées. Tout le monde à bord a vécu un stress et était irritable. Malheureusement, ils étaient à la merci de la température et ne pouvaient rien changer à la situation. L’arrivée à destination à été mémorable.
Quels sont ses futurs projets de navigation? Naviguer l’océan Indien et vers le Cap Horn, découvrir des nouveaux bateaux et des nouveaux endroits, continuer à apprendre ainsi que régater sur le lac Ontario.
Catheryne Langford
Catheryne Langford est originaire des Îles-de-la-Madeleine. Elle baigne dans le milieu maritime depuis sa jeunesse. Sa source d’inspiration pour réaliser son rêve de naviguer sur un voilier, de voyager et de découvrir d’autres cultures? Elizabeth Swann, personnage de la série de films Pirates des Caraïbes. « Je voulais devenir comme elle. Naviguer les mers du monde avec élégance, courage et ténacité! »
Un jour, elle apprend qu’aura lieu une course des Grands Voiliers, le Rendez-Vous 2017. Elle effectue à ce moment une maîtrise en développement international. Elle décide alors de mettre ses études sur pause pour y participer. Premier défi et non le moindre : trouver 12 000 $ en deux mois pour s’inscrire. Elle prend contact avec les entreprises des Îles et à force de persévérer, elle reçoit des dons de 20 $, 50 $ et de plus de 100 $… et atteint son objectif!
« Même si je n’avais aucune expérience, je devais foncer. J’avais vraiment un appel de la mer. »
Elle a été apprenti matelot sur le Blue Clipper pendant trois mois dans le cadre de la Course, puis a été engagée comme cuisinière pour nourrir 25 personnes ainsi qu’hôtesse. Elle a pris part à la Transat Halifax au Havre, en France ainsi qu’à la mise en cale sèche et à l’entretien, puis elle est partie pour l’arctique pour terminer son périple en Islande. Cela lui a permis de découvrir de nombreux pays et de naviguer pendant 11 mois.
Depuis un an, la femme des Îles est maintenant matelot-cuisinière sur des remorqueurs et récemment timonier sur des cargos dans la marine marchande et navigue l’été au Nunavut. Elle travaille avec des hommes et s’est forgé un caractère d’acier pour affronter la mer. Sa véritable passion demeure toutefois la voile.
« Je dois toujours faire mes preuves et même si c’est frustrant, c’est normal. Au premier regard, il arrive souvent qu’on me juge pour mon petit gabarit et qu’on ne comprenne pas ce que je viens faire à bord. Parfois, je dois travailler plus fort qu’un homme pour qu’on voit que je suis capable d’en prendre. Heureusement, à chaque voyage, il y a toujours des hommes sur qui je peux compter, pour me soutenir, croire en moi, en les femmes. »
Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation? Connecter avec la nature. La nuit, elle est plus à l’écoute du vent et elle adore naviguer avec les étoiles. Naviguer permet de vivre des moments humains uniques, de penser à ce que tu souhaites dans la vie, à ce que tu ne veux plus. Cela permet de cheminer personnellement et de faire de belles rencontres.
Quelle est sa plus grande peur? Que quelqu’un tombe à l’eau, surtout la nuit, puisqu’il y a moins de chance de le retrouver.
Quel a été son plus grand défi? Il y a des nuits lors de la Course des Grands Voiliers où le vent a soufflé fort. Tout l’équipage devait aider à maintenir le cap.
« C’est dans ce genre de situation qu’il faut être capable de réagir rapidement, de ne pas être pétrifié par la peur puisque cela empêche de bien réfléchir. Il faut aussi être conscient des risques. Il faut bien se préparer à toutes les éventualités! En général, les beaux moments de navigation vont surpasser les éléments négatifs. L’équilibre entre le positif et le négatif fait en sorte que je n’ai pas de regrets.
Pour réaliser votre rêve, il ne faut pas se décourager… Il faut se faire un plan, définir nos objectifs et foncer. Être proactif dans la poursuite de nos rêves. »
Quels sont ses futurs projets de navigation? Catheryne Langford a été équipière jusqu’à maintenant, mais possède la fougue d’une skippeuse. Elle aimerait acheter son premier voilier avant ses 30 ans (d’ici deux ans) et éventuellement naviguer partout dans le monde. Consciente qu’il lui en reste beaucoup à apprendre, elle est ouverte aux propositions de convoyages, de navigations diverses et de voyages en voilier.
Vous pouvez communiquer par courriel avec Catheryne au langford.catheryne@gmail.com.
Michelle Cantin
Michelle Cantin est la présidente de Formation Nautique Québec et de la Coupe Femina. En 2004, avec son équipe, elle lance le programme de navigation de plaisance qui deviendra le premier échelon de Formation Nautique Québec, puis en 2008, l’école de voile voit le jour à la marina du Parc Nautique Lévy avec un seul voilier-école. En 2021, 15 voiliers font maintenant partie de leur flotte. En 2014, Coupe Femina a permis à huit équipages de franchir la ligne de départ à Lévis. En 2019, c’est 40 voiliers qui ont participé à l’événement qui prend de l’ampleur chaque année et qui rassemble dorénavant plus de 200 personnes. En 2019, elle a aussi mis sur pied l’agence de voyages Marine Tours. Si vous êtes intéressé à vous joindre à son équipe, vous pouvez lui envoyer votre C.V. puisqu’elle cherche du personnel lorsque la pandémie de la COVID-19 sera derrière nous.
« Quand on fait quelque chose de nouveau, c’est angoissant. Cela demande beaucoup d’efforts, plus que si c’était un homme qui se lançait en affaires. »
Cette femme passionnée a découvert la voile sur le tard, à 36 ans, lorsqu’elle a rencontré Guylain Noël, son amoureux, qui aime la voile. Elle a suivi des cours et participé à des régates, ce qui lui a permis d’apprendre en accéléré. La voile lui apporte énormément au quotidien et elle carbure aux défis. Rien n’est à son épreuve!
Un jour, en participant à une régate, elle s’est mérité un trophée, mais le nom sur la plaque était celui de son copain. C’est alors qu’elle a décidé qu’elle souhaitait ouvrir la voie aux femmes.
« Les femmes doivent croire en leurs capacités. Par contre, on doit passer plus de temps à nous prouver et cela prend de l’énergie. Il faut croire en son projet, en son rêve. Nos expériences nous font grandir et nous font rayonner sur la place des femmes. Si tout était facile, l’engouement qui existe aujourd’hui pour la place des femmes dans les sports ne serait jamais arrivé. Il faut aussi être capable de vivre avec la pression de sortir des sentiers battus, de sortir de sa zone de confort. »
Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation? « J’adore naviguer de nuit, cela aiguise les sens, particulièrement sur le Saint-Laurent. Tu dois faire corps avec le vent et l’eau. Tu dois avoir acquis de nombreuses connaissances puisque plus tu es autonome, plus tu te sens confortable. »
Quelle a été son plus grand inconfort? Michelle a dû naviguer de nuit en se fiant aux étoiles alors que le GPS était brisé et que l‘hélice du voilier était prise dans un filet de pêche. Le bateau n’avançait plus, il reculait. L’équipage était à cran à cause d’éléments irritants s’étant produits au cours du voyage et dormait. Le lendemain matin, la décision a été prise de remorquer le voilier puisqu’il ne se serait pas rendu à destination.
Pour naviguer à voile, il est préférable d’avoir une formation de base et de suivre une formation continue. C’est très important de se former, d’avoir les connaissances pour ne pas se sentir en danger. Il faut avoir une base pour être à l’aise, comprendre ce que les équipiers décident et se disent.
Quels sont ses futurs projets? Organiser la Coupe Femina en 2021 et réunir de 40 à 50 voiliers sur la ligne de départ. Elle prévoit aussi continuer les Cafés Femina cet automne pour rassembler les femmes navigatrices afin de les mettre en lien pour les aider à cheminer dans la réalisation de leur rêve : naviguer à voile.
En résumé, pour oser naviguer, il faut être persévérante, faire ses preuves et travailler fort, plus que les hommes. Les femmes ne doivent pas se décourager et continuer à faire des efforts pour alimenter leur passion pour la voile. Elles doivent prendre la place qui leur revient dans ce milieu encore majoritairement masculin. Il faut du temps pour changer les mentalités.
Par Joani Hotte-Jean
SONDAGE
QUÉBEC YACHTING SOUHAITE METTRE EN LUMIÈRE LES FEMMES QUI NAVIGUENT!
Vous êtes une femme et vous naviguez? Que vous pratiquiez le nautisme sur un voilier, un bateau moteur, un canot, un kayak, une planche à pagaie ou que vous aimiez la pêche, nous souhaitons vous mettre en lumière dans l’un de nos magazines numériques et sur le site web de Québec Yachting.