Virage numérique au Service hydrographique du Canada
« La nécessité est la mère de l’invention » ̶ Platon
Le Service hydrographique du Canada a entrepris un projet de mise à jour de son processus de représentation des données des plans d’eau ceinturant et à l’intérieur de son territoire. Ces changements répondent à un besoin numérique et à une réduction du délai de livraison des données pour adopter les nouvelles normes S-100 préparées par le Comité des services et des normes hydrographiques de l’Organisation hydrographique internationale (https://iho.int/fr/).
Les conséquences de la COVID-19 ont eu un impact significatif sur l’évolution pour ne pas dire la révolution de la capture (voir ma chronique précédente), de la représentation et de la distribution des données. Le Service hydrographique du Canada (www.chs-shc.gc.ca) et toutes les agences hydrographiques nationales du monde entier ont dû s’adapter à vitesse grand V pour préserver la santé de ses hydrographes et de ses navigateurs.
La majorité du personnel est en télétravail, la visioconférence (Zoom, Google Meet, etc.), les outils performants de transformation et de transfert des données deviennent une norme courante. Le pas à faire pour rendre le tout disponible à la communauté en général était tout naturel, surtout que pour certaines composantes, il était facile à réaliser.
Les changements s’échelonneront sur une décennie pour le Service hydrographique du Canada, qui embauchera une firme de consultants afin de concevoir un plan de communication et d’engagement concernant la transformation et la livraison des données. Un sondage sera administré prochainement afin de développer les meilleurs moyens de communication pour présenter les changements à venir.
Les Avis aux navigateurs (www.notmar.gc.ca) annonçaient plus tôt cet automne la fin de l’impression des Tables de marées (www.charts.gc.ca/publications/tables-fra.html) et de la carte No 1 (www.charts.gc.ca/publications/chart1-carte1/index-fra.html) au Service hydrographique du Canada en 2021. Cette interruption s’inscrit dans la mouvance des spécifications S-100 et de l’affranchissement du format papier pour offrir l’information de manière numérique (PDF, site et services internet).
La gamme de produits numériques s’agrandira prochainement par l’ajout d’une application mobile pour les niveaux d’eau et les marées observées au Canada, dont l’information proviendra du nouveau système national d’information sur les niveaux d’eau.
Le Canada n’est pas le seul à prendre cette voie du numérique, notre voisin du Sud s’est aussi engagé dans un processus similaire, avec l’arrêt de l’impression des cartes papier et BSB d’ici cinq ans.
Le défi consistera pour toutes les agences hydrographiques nationales à s’assurer que les navigateurs commerciaux disposeront des outils nécessaires pour naviguer sécuritairement dans leurs eaux territoriales selon les services offerts au moment opportun, que ce soit pour eux-mêmes et pour les autres usagers les entourant.
Cette période de transition d’un monde analogique à un monde numérique pour la transmission des données signifie que chacun devrait porter une attention particulière aux incohérences afin de les notifier à qui de droit, dans le but de les corriger le plus rapidement possible pour la sécurité de tous (naviguants, riverains, etc.).
En résumé, la Terre continuera à se modeler selon les contraintes du moment. La vitesse à faire connaître ses modifications dépendra des infrastructures en place et de l’importance que l’homme leur accordera.
N’hésitez pas à me faire parvenir vos questions, vos commentaires et vos suggestions par courriel au bernard.labrecque@globetrotter.net.
Par Bernard Labrecque
Président de l’Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec
*Cet article a été publié dans le magazine Hiver 2021 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est gratuit!