Québec Yachting

Pour des manœuvres à quai sans stress et sécuritaires sur un voilier!

Les manœuvres à quai sont trop souvent une source de stress pour les plaisanciers et on pourrait y consacrer un ouvrage complet. On a préféré ici résumer certains principes et notions de base essentiels à des manœuvres à quai sans stress et sécuritaires.

L’importance d’une bonne planification et d’une bonne communication

Même s’il y a généralement plusieurs façons de bien faire les choses, il importe que tous fassent la même manœuvre en même temps. La communication aux équipiers d’une manœuvre bien planifiée selon les conditions de vent et de courant, la manœuvrabilité de l’embarcation ainsi que le type de quai et l’espace disponible est incontournable.

Utiliser les bons cordages

On pourrait être tenté de recycler de vieux cordages comme amarres. Il est de loin préférable d’utiliser des cordages destinés spécifiquement à cet usage. Les amarres doivent présenter une certaine élasticité. Elles doivent être d’un calibre qui correspond au poids du bateau. La longueur de l’amarre devrait être au minimum d’une fois la longueur du bateau (idéalement d’une fois et demie).

Le nœud de taquet sur le voilier.

Les bons nœuds

Sur un bateau les nœuds doivent être solides et faciles à détacher en toute circonstance, même après avoir subi de fortes tensions. Il en est de même pour les nœuds de taquets.

Le nœud de taquet sur le quai.

Évitez les multiples tours entremêlés sur ces derniers. Enfin, les bouts désordonnés qui traînent sur le quai ou le bateau représentent un risque de chute qu’on peut prévenir.

La garde et la traverse à l’avant.

Chaque amarre a une fonction

Les principales amarres qu’on utilise sont les gardes, les traverses ou les pointes. La traverse avant et la traverse arrière maintiennent le bateau parallèle au quai. Les gardes avant et arrière l’empêchent d’avancer ou de reculer. Sur un long quai on pourra ajouter les pointes qui partent de l’avant et de l’arrière du bateau et qui sont fixées le plus loin possible sur le quai.  

Lors du départ, on devra donc planifier dans quel ordre on larguera les amarres selon les conditions de vent et de courant. Par exemple, avec un vent ou un courant de face qui pousse le bateau vers l’arrière, on pourra détacher en premier l’amarre qui empêche le bateau d’avancer, puisque celle-ci n’est pas utile.

Et puisqu’on peut utiliser le moteur à faible régime pour empêcher notre bateau d’avancer ou de reculer, on larguera les gardes avant de larguer les traverses au départ d’un quai. À l’arrivée, lors de l’accostage, ce sont les traverses qu’on fixera au taquet dans un premier temps, de façon à maintenir notre bateau parallèle au quai.

Évitez d’utiliser une garde fixée à l’avant du bateau pour le freiner lors de l’arrivée au quai. La coque d’un voilier est arrondie au centre et forme une pointe vers l’avant. Ceci aura inévitablement pour effet de rapprocher l’étrave du voilier vers le quai, donc d’éloigner l’arrière du voilier du quai. Et c’est là que ça se complique! À faire uniquement en cas d’urgence.

Le pas d’hélice déplace l’arrière du voilier vers la droite lorsque l’hélice tourne dans le sens horaire.

Le pas d’hélice, notre allié

Le pas d’hélice, c’est le sens dans lequel notre hélice tourne. Si notre voilier est immobile ou presque, le pas d’hélice déplace l’arrière du voilier vers la droite lorsque l’hélice tourne dans le sens horaire et vers la gauche lorsqu’elle tourne dans le sens antihoraire. Il faut donc connaître le pas d’hélice pour en faire notre allié.

Le pas d’hélice déplace l’arrière du voilier vers la gauche lorsque l’hélice tourne dans le sens antihoraire.

Par exemple, lorsqu’on met en marche arrière pour freiner en arrivant au quai, on a avantage à ce que le pas d’hélice colle l’arrière du bateau sur le quai. Si on manœuvre dans un espace restreint, on aura besoin de moins d’espace pour virer sur bâbord si le pas d’hélice déplace l’arrière du voilier vers la droite.

Au démarrage du moteur, si l’eau sort du tuyau d’échappement, c’est que la pompe pour l’eau de refroidissement du moteur fonctionne.
Sur le quai, un équipier est placé à la traverse avant et un autre à la traverse arrière.
Les équipiers dénouent la traverse en conservant un demi-tour de sécurité au taquet pour maintenir le bateau parallèle au quai.
Les équipiers retirent l’amarre du taquet en la conservant dans leur main et embarquent sur le voilier en se servant des haubans.

Une routine sécuritaire

Une manœuvre à quai, ça peut devenir une routine bien maîtrisée et sécuritaire. En voici un exemple, étape par étape, lors du départ d’un quai.

  1. Vérifier le fonctionnement du gouvernail en le tournant dans les deux directions. Un objet sous le bateau pourrait le coincer.
  2. Au démarrage moteur, vérifier que la pompe de refroidissement fonctionne en regardant si l’eau sort du tuyau d’échappement.
  3. Mettre en marche avant puis en marche arrière pour vérifier la transmission.
  4. Engager la transmission en marche avant ou arrière selon qu’on observe un vent de face ou arrière à un régime qui permet de contrecarrer l’effet du vent. Le bateau est alors stabilisé et on peut larguer les gardes.
  5. Sur le quai, un équipier est placé à la traverse avant et un autre à la traverse arrière.
  6. Le barreur indique : « Paré à larguer». Les équipiers dénouent la traverse en conservant un tour de sécurité au taquet pour maintenir le bateau parallèle au quai.
  7. Lorsque la voie est libre, le barreur indique : « Larguez». Les équipiers retirent l’amarre du taquet en la conservant dans leur main et embarquent sur le voilier en se servant des haubans.
  8. Le barreur peut alors s’éloigner du quai.
  9. Les amarres et les défenses demeurent disponibles pour un accostage d’urgence et sont rangées après être sorti de la marina.
Approcher le quai à vitesse minimale pour rester manœuvrant avec un angle d’environ 20 degrés.
Laisser le bateau s’appuyer contre le quai et engager la marche arrière pour le freiner et le stabiliser.
Les équipiers placés au préalable aux haubans peuvent alors débarquer en toute sécurité, sans sauter, avec une traverse dans leur main pour la frapper partiellement au taquet.
Fixer par la suite au taquet les gardes restées sur le bateau et arrêter le moteur.

Voici quelques suggestions à mettre dans votre routine lorsque vous approchez d’un quai.

  • Installer les défenses et les quatre amarres (traverses et gardes) avant d’entrer dans la marina.
  • Installer toujours les défenses avant d’installer les amarres. Il n’y a alors aucun risque de trébucher sur une amarre en installant les défenses.
  • Approcher le quai à vitesse minimale pour rester manœuvrant avec un angle d’environ 20 degrés.
  • Laisser le bateau s’appuyer contre le quai et engager la marche arrière pour le freiner et le stabiliser.
  • Les équipiers placés au préalable aux haubans peuvent alors débarquer en toute sécurité, sans sauter, avec une traverse dans leur main pour la frapper partiellement au taquet.
  • Une fois le bateau stabilisé et parallèle au quai, le barreur ordonne de fixer les traverses au taquet.
  • Fixer par la suite au taquet les gardes restées sur le bateau et arrêter le moteur.

Si les manœuvres à quai sont pour vous une source de stress, prenez le temps de planifier votre routine en vous appuyant sur les connaissances de base et sur les bonnes pratiques. Vous créerez ainsi des habitudes constantes et sécuritaires et vous pourrez plus facilement vous ajuster aux variables comme le vent et la configuration du quai.

Pour conclure, certaines écoles, dont l’école Formation nautique Québec, offrent des cours pratiques sur l’eau destinés spécifiquement aux manœuvres à quai. Vous trouverez aussi sur le site de formation en ligne e-nautic.training une formation avec vidéo qui présente les notions essentielles sur les manœuvres à quai sur un voilier.

La navigation de plaisance, c’est bien plus agréable sans stress!

Bonne navigation!

***


Qui est André Simpson?

André Simpson, est instructeur de voile élémentaire certifié Voile Canada et instructeur « bareboat skipper et ICC » ainsi que International Yacht Training.

En plus d’être passionné par la navigation de plaisance à la voile, André est très impliqué dans la formation en ligne, notamment au niveau de la plateforme https://www.e-nautic.training/.

Par André Simpson, instructeur chez Formation Nautique Québec.

*Cet article a été publié dans le magazine Hiver 2021 de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est gratuit!