Québec Yachting

Histoire réconfortante de canaux pour jours froids de l’hiver – Mark Fuhrmann effectue la « Greater Loop » en kayak

Mark Fuhrmann et un membre de l’équipe de Parcs Canada lors de son passage au Canal-de-Lachine. Crédit photo : Parcs Canada.

L’hiver est bien installé, de même que les temps froids; les courts moments de soleil et de lumière se font rares, et nous avons tous besoin d’une petite dose de réconfort. Pour nous réchauffer un peu d’ici au retour de la saison chérie des plaisanciers, nous avions envie de vous proposer une histoire qui fait du bien et qui saura certainement vous inspirer autant qu’elle a inspiré les membres de notre équipe. Chaque saison de navigation dans les canaux historiques de Parcs Canada au Québec est marquée par des moments uniques et des rencontres exceptionnelles. La rencontre avec le kayakiste Mark Fuhrmann en fait partie.

Mark Fuhrmann et un membre de l’équipe de Parcs Canada lors de son passage au Canal-de-Lachine. Crédit photo : Parcs Canada.

Un périple hors du commun

C’est le 18 août dernier que nos collègues éclusiers Jacques et Claire ont fait la connaissance de Mark Fuhrmann, un kayakiste de passage au lieu historique national du Canal-de-Lachine. Ils étaient loin de se douter de l’exploit qui était en cours de réalisation et que le Canal-de-Lachine n’était qu’un arrêt du périple sur tant d’autres. Deux mois plus tôt, le 1er juin 2022, à 10 h, Mark Fuhrmann quittait Halifax, en Nouvelle-Écosse à bord de son kayak avec un objectif bien précis en tête. 2000 km plus tard, il pagayait le canal de Lachine.

Photo 3 : Itinéraire de Mark Fuhrmann « The Greater Loop ». Crédit photo : Mark Fuhrmann.

C’est avec beaucoup d’enthousiasme que les éclusiers ont échangé avec cet homme exceptionnel; ils ont rapidement été touchés par son histoire. À 65 ans, ce Canadien d’origine aurait pu jouir d’une retraite tranquille à la maison. Après trente ans à diriger des entreprises de relations publiques et de marketing à Oslo, en Norvège, le retraité a plutôt choisi de revêtir sa combinaison de plongée et de se lancer dans une mission plutôt inhabituelle : pagayer, seul à bord de son kayak, les 10 500 km qui constituent ce qu’il a nommé la « Greater Loop » pour amasser des fonds pour deux causes qui lui sont chères. Ce parcours reprend le tracé de la fameuse « Great Loop » en y ajoutant près de 1000 km. Un périple d’un an qui le ramènera à Halifax après avoir passé entre autres par Montréal, Chicago, Fort Myers et New York. Ainsi, il deviendra le premier kayakiste à accomplir cet exploit. « L’itinéraire a déjà été tenté, mais jamais effectué en kayak dans sa totalité », dit-il. « Mais, comme tous ceux qui me connaissent peuvent en témoigner, j’aime les défis! Surtout quand c’est pour de si bonnes causes » [Traduction libre].


Qu’est-ce que la « Great Loop »?

La « Great Loop » ou « Grande boucle » est un ensemble de voies navigables reliées entre elles et traversant l’est du Canada et des États-Unis. Les plaisanciers qui l’empruntent peuvent parcourir et explorer, à bord de leur propre bateau, un peu plus de 9500 km en empruntant notamment « l’Altantic Intracoastal Waterway », la baie de Chesapeake, les canaux de New York, les canaux historiques de Parcs Canada, les Grands Lacs, les rivières intérieures situées au cœur de l’Amérique et les « Gulf Intracoastal Waterways » le long du golfe du Mexique pour terminer la boucle.

Pour plus d’information sur la « Great Loop », vous pouvez visiter le site de l’« America’s Great Loop Cruisers’ Association » au www.greatloop.org


Photo prise tout au long de l’itinéraire. Crédit photo : Mark Fuhrmann.

L’expédition « Reverse the Bad » : amasser des fonds… et amener du positif

Bien au-delà de l’exploit personnel, son expédition nommée « Reverse the Bad » a des objectifs bien précis. Tout d’abord, il souhaite récolter plus de 100 000 euros pour Médecins sans frontières et Capitaines sans frontières. Ce sont deux causes liées à son histoire personnelle et à ce qu’il désire apporter comme changement au sein de la collectivité. Son soutien à Médecins sans frontières s’inspire du métier exercé par sa défunte épouse, Kirstin, mère de leurs trois enfants (et grand-mère de leurs deux petits-enfants). Le choix de soutenir Capitaines sans frontières, un organisme qui fournit des bourses d’études et un soutien aux femmes issues de milieux défavorisés qui souhaitent entreprendre une carrière en mer, vient quant à lui de sa carrière dans le domaine des communications au secteur maritime (plus récemment au sein de l’entreprise spécialisée Blue-C basée à Oslo, en Norvège, qu’il a lui-même créée).

Ensuite, et cela renvoie au nom qu’il a donné à son expédition « Reverse the Bad », M. Fuhrmann souhaite mettre l’accent sur le positif et comment il est possible de transformer le malheur en quelque chose de bien. Dans ses mots, cette expédition est « une réponse aux défis actuels auxquels l’humanité est confrontée et aux pressions exercées sur notre bien-être individuel  [Traduction libre] ».

Selon lui, et c’est ce qu’il cherche à accomplir par le biais de cette expédition, « nous devons montrer que nous nous soucions les uns des autres, que nous ne sommes pas seuls, que nous enrichissons des vies en travaillant ensemble plutôt qu’en restant séparés. C’est ce sur quoi se concentrent les organisations caritatives que j’ai choisi de soutenir, et je diffuserai leur message, leurs valeurs, à tous ceux que je rencontrerai au cours de cette odyssée unique et passionnante à travers l’Amérique du Nord [Traduction libre] ».

Photo prise tout au long de l’itinéraire. Crédit photo : Mark Fuhrmann.

Rencontrer la nature et les gens

En plus de son but caritatif et de son désir de « créer des nouvelles positives dans un monde trop habitué au négatif », deux autres motivations poussent Mark à pagayer malgré les éléments et l’ampleur du défi : la nature et les rencontres faites tout au long de son parcours avec des cultures différentes et des personnes et entreprises qui sont des acteurs de changement dans leur communauté. Il va à la rencontre de gens fascinants dans les endroits les plus reculés et fait l’expérience de la nature d’une manière unique. 

« C’est ce qui donne de la valeur à mon voyage, dit-il. Les paysages sont sublimes et quand on est seul sur l’eau, on finit par faire partie des merveilles qui nous entourent. C’est indescriptible. Comme l’est la générosité des inconnus que je rencontre. »

« Chaque fois que je rencontre des gens, ils sont toujours enthousiastes à propos de mon voyage. Parfois ils font un don, parfois ils m’offrent un repas, le logis, une bière ou quelques mots d’encouragement. C’est ce qui me redonne de l’énergie et renforce ma foi dans la bienveillance de l’humanité. C’est un peu étrange, mais c’est ce qui me fait penser que je ne mène pas cette aventure seul, que tout le monde m’y accompagne. J’aime cette pensée. »

Photo prise tout au long de l’itinéraire. Crédit photo : Mark Fuhrmann.

Un parcours qui n’est pas sans défi

Mark Fuhrmann n’en est pas à sa première aventure nautique. En 2018, il était déjà dans son kayak à pagayer les 5000 km qui relient Oslo à Athènes. Un voyage à but caritatif également et au cours duquel il a affronté de multiples obstacles et a dû repousser les limites de son endurance physique.

Cependant, ce qu’il accomplit en ce moment même l’amène à aller au-delà de ce qu’il a réalisé jusqu’à maintenant. « Jusqu’ici, c’est sans doute la chose la plus difficile que j’ai dû faire dans ma vie, à la fois physiquement et mentalement, dit Mark. Les vagues de l’Atlantique combinées aux vents soutenus et aux rafales ont été très éprouvantes entre Halifax et Québec. »

« En plus, j’ai souvent des difficultés pour trouver des endroits où sortir mon kayak de l’eau, au milieu des côtes rocailleuses et des conditions sévères de marées, poursuit-il. Je me suis réveillé tendu tous les jours, en ne sachant pas ce qui m’attendrait lors de ma prochaine étape. Cela m’a parfois joué des tours et fait remettre en question ma motivation. Mais je me suis engagé dans cette aventure, je veux faire la différence et c’est cela qui me pousse à repartir pagayer chaque jour et dès que c’est possible. »

S’engager pour inspirer

Bien qu’il soit entièrement dévoué dans cette épreuve d’une vie, Mark dit qu’il n’est pas naïf sur ce qui l’attend, autant sur le plan de l’épreuve que de l’impact qu’il peut avoir. « Je sais par expérience à quel point ce voyage sera exigeant, physiquement et mentalement, et ce que je peux espérer accomplir en termes de collecte de fonds et de sensibilisation sera limité, bien sûr, mais il y aura un impact… et c’est l’effet d’entraînement qui peut vraiment faire la différence ici [Traduction libre]. » 

Photo prise tout au long de l’itinéraire. Crédit photo : Mark Fuhrmann.

Selon lui, « l’immense majorité des gens soutiennent ces messages et ces valeurs dans leur cœur ». Il veut démontrer à ceux et celles qu’il rencontre et qui le suivent que tous peuvent avoir un impact positif sur leur communauté et la société en général. « C’est un bon moment pour renverser le mauvais. »

Un effet d’entraînement qui a touché les membres de notre équipe et qui soulève de plus en plus de personnes tout au long de son parcours. Il a réalisé de nombreuses entrevues pour des journaux locaux et a passé à la télévision locale autant au Canada qu’aux États-Unis. Plus de 30 000 personnes le suivent par satellite dans ses aventures, inspirées par son parcours et captivées par son voyage et ses rencontres fascinantes. Et malgré son isolement, il met à contribution ses talents d’écrivain et nous permet d’en apprendre plus sur son quotidien à travers un blogue et des vidéos qu’il publie sur sa chaîne YouTube.

Après son passage sur la voie maritime du Saint-Laurent et dans les canaux historiques de Parcs Canada, Mark s’est dirigé vers les Grands Lacs et a pagayé vers l’Illinois, le Mississippi, le Tennessee et la rivière Tombigbee. Il rejoindra ensuite le golfe du Mexique et mettra le cap sur la Floride puis la côte atlantique pour rallier à nouveau Halifax. Il vise être de retour au bercail en juin 2023, 10 500 km de kayak en poche et des expériences marquantes avec la nature et les gens en tête. Ce fut un réel plaisir pour notre équipe de croiser sa route et d’en apprendre plus sur l’expédition « Reverse the Bad ». Nous lui souhaitons beaucoup de succès pour le restant de son aventure!

Pour suivre Mark Fuhrmann, lire son blogue, en savoir plus sur lui et les causes qu’il soutient et pour l’encourager en faisant un don, vous pouvez visiter le www.mark-ervin.com ou sa page Facebook : https://www.facebook.com/REVERSEtheBAD.

Pour le suivre en temps réel par satellite : https://locatoweb.com/map/single/0929263666.

Pour voir ses vidéos sur sa chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/UCNvOchdigg0oKFHy8xmJMtg/videos

Par Marie-Ève Francoeur, agente, partenariats, engagement et communications

*Cet article a été publié dans le Vol. 46 No. 1 de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est GRATUIT!