Entrevue avec Jean Le Cam avant son départ pour le Vendée Globe
Par François Moses
Une simple démarche auprès de son agente de communications et j’ai réussi à avoir un entretien avec Jean Le Cam. Contrairement à l’idée préconçue que M. Le Cam est un peu bourru et taciturne, je l’ai trouvé plutôt bienveillant et loquace.
Avant de vous partager mon entretien avec Jean Le Cam, je vous fais un portrait de ce marin hors norme, qui, le 10 novembre prochain, prendra le départ de son 6e Vendée Globe.
Tout jeune, Jean a découvert les joies de la navigation à voile dans les parages de l’île de Glénan et dans la baie de Concarneau. Avec Hubert Desjoyeaux, ils ont navigué sur ces eaux en 420. Il a fait son service militaire dans l’équipage d’Éric Tabarly avec comme équipier Michel Desjoyeaux.
Il a débuté dans la Solitaire du Figaro en 1978 et a remporté sa première victoire en 1994. Il a ensuite remporté cette course à trois reprises dans la décennie 1990, soit en 1994, 1996 et 1999. Il a ensuite débuté sa carrière en IMOCA au début des années 2000 et a participé à son premier Vendée Globe 2004-2005. Jean est un technicien et tacticien, ses classements le démontrent bien, il termine régulièrement en haut du classement.
– Deux fois champion du monde FORMULE 40
– Trois fois champion de France Course au Large
– Deux fois vainqueur de la Transat Jacques Vabre et de 8 autres courses majeures
– Trois fois vainqueur de la Solitaire du Figaro
Maintenant, place à cet entretien :
FM : M. Le Cam, pouvez-vous me dire où et comment a débuté votre passion pour la voile et la régate?
JLC : J’ai toujours vécu en bord de mer et avec mes parents nous allions en mer sur un petit bateau pour faire des petites croisières et des petites régates de club. Très rapidement, je me suis mis à faire des entraînements d’hiver avec mon père pour participer aux régates des clubs autour de la maison. J’ai toujours aimé la technique alors je construisais des maquettes de bateaux. Ensuite, j’ai travaillé à la construction de vrais bateaux. Doucement, j’ai progressé dans les régates pour finalement me retrouver sur le circuit de la Solitaire du Figaro. Et depuis 2004, je fais de la course au large sur IMOCA.
FM : Jean pourquoi un sixième Vendée Globe? Il s’agit d’une course très exigeante et difficile qui demande beaucoup de travail. Cela exige que vous repoussiez vos limites.
JLC : Ben pourquoi pas? Et de toute façon, ce n’est jamais la même chose, chaque Vendée Globe est composé de moments extrêmes de difficultés, mais aussi de moments de joies et de bonheurs extrêmes.
FM : Avez-vous prévu un moment pour entrer dans votre bulle, une période où vous allez vous préparer au départ, à la solitude et à vous éloigner de tout ce brouhaha des pontons du Vendée Globe?
JLC : Non, ça je ne le fais pas. Chaque jour, on essaie de bien dormir. Je n’ai pas de préparation mentale particulière, ni entraînement au sommeil. Rien de ce genre. Je connais mes capacités, mes limites et je gère. Cette course est très longue et pour la terminer, il faut gérer. La sagesse du marin d’expérience. C’est ça.
FM : Que diriez-vous à un jeune qui vous regarde et qui rêve de partir un jour sur le Vendée Globe?
JLC : Il faut croire en soi et oser et y aller! Et ne pas laisser les autres le détourner de son objectif.
FM : Avez-vous un truc que vous anticipez particulièrement lors de ce Vendée Globe?
JLC : Non, on travaille beaucoup à la préparation du bateau et d’anticiper les pannes possibles. Il y a aussi de la redondance et surtout bien connaître son bateau.
FM : Quel est le premier souvenir qui vous vient en tête lorsque vous repensez à vos participations précédentes?
Le sauvetage de Kevin Escoffier lors du dernier Vendée Globe et surtout la ligne d’arrivée avec un bateau endommagé depuis les Kerguelen. L’émotion lors de la remontée du chenal, ÇA C’EST DE L’ÉMOTION.
FM : Quel aspect de cette course vous passionne le plus? Pourquoi vous revenez encore?
JLC : Parce que les règles sont relativement simples, quoi qu’elles se compliquent de plus en plus dans le temps. Tu pars des Sables-d’Olonne, tu fais le tour du monde et tu reviens aux Sables-d’Olonne, le plus vite possible. Voilà!
FM : Comment faites-vous face à la solitude?
JLC : On n’est pas seul, il y a 40 concurrents. Il n’y a pas de vraie solitude sur le Vendée Globe avec les communications d’aujourd’hui.
FM : Même lors de votre premier Vendée Globe?
JLC : Ça n’a pas changé beaucoup, il y avait déjà des images et de la vidéo. Maintenant, c’est la rapidité des moyens de communication avec tous ces satellites en orbite basse, mais nous ne payons pas pour ce service, alors c’est juste plus long pour les transferts d’images et de vidéos.