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En 2007, je mesurais à peine l’enthousiasme des gens pour ma traversée. Jusqu’alors, j’étais la seule personne impliquée dans le projet, soit d’être la première du continent américain à franchir l’Atlantique Nord à la rame, en solitaire. Or, il ne suffit pas d’avoir un bateau, de bonnes cuisses et des rames pour affronter un océan. Une traversée à l’aviron demande une préparation minutieuse et extrêmement solide avant même de donner le premier coup de rame. Parfois, je me demande si cette préparation n’est pas plus difficile que la traversée elle-même! C’est pourquoi j’ai choisi de m’entourer d’une équipe multidisciplinaire pour m’épauler dans toute l’organisation qui précède mon départ. Ainsi, je mets toutes les chances de mon côté pour pouvoir enfin partir. Par la suite, il ne tiendra plus qu’à moi de tout mettre en œuvre pour rejoindre les côtes françaises et réussir mon ultime défi.

M’entourer d’une équipe était la première étape pour permettre au projet de prendre son envol. De par les rencontres faites sur mon chemin, j’ai pu joindre des gens passionnés dans la troupe à mes côtés. Tout a commencé en 2009, à Québec, lors d’un séminaire nautique où j’ai fait la rencontre de Michelle Cantin de Formation Nautique Québec. Je lui ai expliqué brièvement mon projet et elle s’est immédiatement montrée fort intéressée. Son mari, Guylain, et elle m’appuient dans mes démarches à partir de leur école de formation en navigation. À Québec, j’ai aussi rencontré Paul Denis de DSS Marine qui a pris le mandat de maximiser ma sécurité à travers les longitudes et qui s’implique généreusement dans le projet lui aussi. La même chose s’est produite avec les propriétaires de Marina Lennox, qui font également partie intégrante de mon équipe. Depuis, Chantal et Jean-Francois sont devenus des amis. Généreux de leur expérience, ils me conseillent, me rassurent, m’appuient et prennent grand soin de mon embarcation. Chez Simrad aussi, l’enthousiasme est au rendez-vous. L’entreprise

veut équiper mon embarcation d’une panoplie de matériel neuf que Walter Timmerman d’Esterline se fera un plaisir d’installer avec moi. Mon bateau sera alors prêt à partir à l’aventure avec des équipements de navigation de pointe.

Je peux aussi compter sur la rigueur de mes partenaires, Dany Thibault et Cardinal Communication, qui croient au projet depuis le premier rendez-vous. Depuis que je travaille avec eux, je canalise mieux mon énergie, car je leur délègue une importante charge de travail en communication et en recherche de financement. Par-dessus tout, ce sont eux qui m’ont amenée à voir dans le projet des horizons que moi-même je n’avais pas encore pris le recul d’observer.

C’est de cette façon qu’est né le projet Odycéan. Aujourd’hui, ma traversée s’inscrit dans un projet beaucoup plus vaste… C’est un peu la métamorphose de la chenille en papillon. Et attendez qu’il prenne son envol! Odycéan, c’est désormais le projet de plusieurs personnes. Mon équipe au sol, en plus des personnes que j’ai nommées précédemment, compte également un routeur météo, un avocat, une entraîneuse, un mentor, un parrain, un médecin, un chargé de projet, des professeurs de navigation, un graphiste, une traductrice, un papa, une responsable en logistique et, surtout, de nombreuses personnes généreuses qui s’empressent de m’offrir leur aide et qui contribuent au projet à leur façon. L’équipe grandit jour après jour, proportionnellement au projet.

Depuis la réception de mon embarcation en octobre dernier, j’assiste avec elle à un grand nombre de salons et d’événements publics. Ma petite embarcation n’était probablement pas prête à jouer la vedette dans les expositions. Moi non plus d’ailleurs. On ne s’attendait pas à un si grand intérêt de la part du public. Ma petite coquille de noix inspire, questionne, attire et passionne, puisqu’elle témoigne des possibilités humaines cachées en chacun de

Avec autant d’attention, le projet Odycéan aspire maintenant à redonner à l’océan sa juste place dans la cause environnementale. Sur mon bateau à rames océanique et, à mon niveau, je serai le témoin d’un océan en changement. Cependant, même si je suis loin d’être une experte en environnement, la dégradation de ce dernier m’inquiète et je veux profiter de ma traversée pour montrer aux gens quelles sont les répercussions de l’activité humaine sans cesse grandissante sur l’océan. Je veux sensibiliser à la protection des écosystèmes marins et mieux faire connaître l’océan parce qu’on a tendance à négliger ce qu’on ne voit pas. Je veux parler de l’océan et inciter les gens à mieux le connaître pour mieux le défendre et le protéger.

Mon projet a donc une portée beaucoup plus grande que celle prévue initialement. Il ne s’agit plus de simplement traverser l’Atlantique à la rame en solitaire comme j’en avais rêvé au départ. Odycéan devient la consécration d’une multitude d’efforts, ceux de généreuses personnes, d’amis et de tout un milieu. Il renferme les espoirs cachés d’individus qui veulent à tout prix le voir prendre forme, évoluer et, surtout, réussir.

Après 58 jours sur l’océan, du Maroc à la Barbade, Mylène est devenue la première Québécoise à traverser l’Atlantique à la rame en équipage durant l’hiver 2010. Forte de son expérience, elle s’apprête à être la première Canadienne à traverser l’Atlantique à la rame : 2700 milles nautiques, du Québec à la France, en solitaire.