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REPORTAGE

PRINTEMPS 2011 QUÉBEC YACHTING 60

PAR DENISE GAUTHIER ET JEAN-LOUIS LÉVESQUE

va aller vous en porter une. » (????) Quarante minutes plus tard, une frégate, Bangaram , nous rejoint. Au quatrième essai, un câblot à pomme de touline atterrit sur Alero . Une carte y est attachée. Le nouveau point de chute existe bien sur notre carte, mais il porte un nom différent, tout simplement. On est à lire la nouvelle carte et les instructions qui y sont attachées qu’on nous annonce par radio que la ligne d’arrivée n’est plus celle qui y est dessinée… Exercice de marine? Avec le soleil qui se couche, le vent tombe. On décide de rompre avec le règlement qui restreint la consommation de diesel à dix litres et on part le moteur. On longe l’île Androti, interdite à tout visiteur parce que peuplée par 10 000 lépreux indiens, semble-t-il.

À 11 h 30, le troisième jour, on passera la ligne d’arrivée. On est le sixième bateau. L’un ayant démâté et l’autre s’étant perdu, nous sommes bons derniers. On s’y attendait bien. Un malentendu, un autre, fait qu’on passera la nuit exposés aux vents qui se sont levés, à proximité de récifs. Une nuit blanche en pleine noirceur.

Au quatrième jour, on entre dans le lagon de Kadmat. Il n’y a qu’un étroit passage avec moins de deux mètres de profondeur. On suit de quelques mètres un bateau local venu nous guider. On touche le fond. On nous indique notre ancrage à quelque 500 m du bord. Nous sommes au beau milieu d’un immense lagon vert, entre une ligne infinie de cocotiers et une

ligne de récifs à fleur d’eau sur lesquels viennent se briser les vagues extérieures. Magnifique! De toute beauté!

Avant de participer à la course, nous y avions mis deux conditions. D’abord, on ne ferait qu’un sens de la course, soit pour aller seulement.

Ensuite, on devait nous accorder la permission de rester 10 jours à l’île d’arrivée. Ce qui nous fut accordé sans problème. Alors que les autres participants faisaient la deuxième étape le lendemain, nous avions ce magnifique bassin pour nous tout seuls. Le lagon, comme l’île, fait 10 km. Nous avons fait l’île de long en large : rues de sable, quelques autos, un seul minibus, cocotiers partout, maisons et maisonnettes propres, gens souriants, accueillants. Nous nous sommes liés d’amitié avec Ali. Tous les jours, il venait au bateau nous apporter cocos, poisson, hameçons. Nous discutions de tout et de rien,

de son île qu’il adore. Puis, il nous a présenté sa femme et ses cinq enfants, nous a guidés dans les deux écoles et à l’usine de cocos que nous avons visitée. Nous avons observé les pêcheurs lancer leurs filets, nous avons échangé avec les habitants, été invités à prendre le thé ici, à manger là… Nous avons fait la lecture à l’ombre

des grands arbres, nous avons agréablement flâné jour après jour. Et nous avons célébré Noël à deux, les 6000 habitants de l’île étant musulmans.

Quand, après dix jours de farniente, nous sommes sortis de notre lagon, des milliers de thons nous ont salués en sautant hors de l’eau. Nous nous sommes alors dirigés vers Cochin pour pouvoir y célébrer la nouvelle année en compagnie des navigateurs qui y mouillaient déjà avant notre départ.

Sécurité, sécurité, sécurité…

Les grands caps favorisent le rassemblement des cargos. Tous ceux qui vont en Chine et en reviennent passent au sud du Sri Lanka et la majorité d’entre eux pointent vers le golfe d’Aden et la mer Rouge pour se rendre en Europe, s’ils ne décident pas de contourner le sud de l’Afrique pour atteindre les Amériques. La plupart des cartes océanographiques dessinent le parcours théorique de ces cargos. La vigilance lors des quarts est alors de rigueur quand on croise ou qu’on longe ces larges corridors. Mais que font donc ces navigateurs solitaires comme Dominique ( Québec Yachting, 2010 )? Dominique affirme passer en moyenne 18 heures à l’intérieur dont au moins 12 heures à dormir ou somnoler. Jean-Denis disait ne pas prendre de chance. Il se réveillait aux demi-heures pour jeter un coup d’œil. Pourtant, un cargo qui fait 18 nœuds a le temps d’apparaître à l’horizon et de frapper bien avant 30 minutes…

Le radar peut suppléer, mais personne ne l’utilise dans ces circonstances parce qu’il est trop énergivore. Les détecteurs de radar comme le C.A.R.D. ou le Merveille remplissent bien leur rôle, même s’ils sonnent fréquemment. Et le dernier né, le A.I.S., qui est maintenant disponible pour les navires de plaisance, est le nec plus ultra. Il vous annonce et vous dit précisément qui vient à votre rencontre. Les quelques utilisateurs que nous avons rencontrés s’en disent très satisfaits. Un gadget de plus à ajouter sur la liste. Ce qui n’empêchera pas les collisions comme celle de Spout (voir la photo) mais diminuera leur nombre assurément. Bientôt, nous allons continuer à naviguer sur une coque flottante, inventée il y a quelques milliers d’années, poussés par les mêmes vents, mais fourbie d’instruments de Star Trek.

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